RAM

A l’occasion de la réédition de l’album RAM les 21 et 22 mai 2012, nous vous proposons de revenir sur ce seul opus signé Paul et Linda McCartney.

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Plan du dossier :
1. La genèse de RAM
2. Les chansons
3. Pochette de l’album
4. Sortie de RAM
5. La presse
6. Les singles
7. Thrillington
8. Remasterisation de RAM
9. Les titres bonus
10. Ce que pense Paul de cet album

1. La genèse de RAM
Suite à un séjour dans le sud de la France en automne 1970, Paul McCartney décide, à 28 ans, d’enregistrer un nouvel album. C’est ainsi qu’en octobre et novembre 1970, Paul se retrouve à New York aux studios Columbia pour enregistrer les pistes de base de son prochain opus. Après un séjour en Ecosse pour Noël, Paul et sa famille repartent pour New-York à bord du paquebot SS France en partance de Southampton, le 3 janvier 1971.

Les auditions
Avant d’attaquer l’enregistrement de l’album, Paul McCartney va mener des auditions pendant trois jours. Celles-ci auront lieu au 45th Street à Manhattan. Parmi une dizaine de batteurs auditionnés, ce sera finalement Denny Seiwell qui sera engagé :
« Paul m’a juste demandé de jouer seul, car il n’avait pas de guitare, se souvient Denny Seiwell ». La salle d’audition disposait d’un matériel d’enregistrement de seconde zone et Denny Seiwell avouera plus tard que la batterie était l’une des pires sur lesquelles il ait jamais joué. Malgré tout, cela n’empêchera pas Denny de se donner à fond :« Il voulait plus qu’un simple batteur. Il recherchait aussi une certaine attitude. Il avait ce regard dans les yeux, se rappelle également Denny». Le lendemain de son audition, il est informé qu’il est sélectionné.
Paul McCartney a également besoin d’un guitariste. Linda contacte alors David Spinoza pour une audition. Après une rencontre avec Paul, il est choisi pour accompagner Paul sur son prochain album.

Les séances d’enregistrement

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Dès le 10 janvier, Paul, Linda, Denny Seiwell et David Spinoza se retrouvent au studio A&R de Phil Ramone afin d’enregistrer le prochain album de l’ex-Beatles. Les séances d’enregistrement sont supervisées par Phil Ramone avec Dixon Van Winkle, un jeune technicien.
Au bout de quelques jours, Phil Ramone et Paul vont avoir un différend au sujet du planning des séances d’enregistrement. Le producteur va quitter les lieux et le musicien va demander à Van Winkle de prendre les commandes.
Chaque jour, à 9 heures, le couple McCartney arrive au studio avec les enfants, Heather et Mary qui n’a que quelques mois. Il n’est pas rare de voir le bébé ramper sous la console du technicien. Dixon s’en amuse et joue parfois les nounous de substitution.
Les trois musiciens travaillent dans la cabine pendant que Linda prépare le thé avec les enfants derrière les techniciens.

Another Day
Une des premières chansons réalisées est « Another Day », racontant les déboires quotidiens d’une jeune femme. Cette chanson ne figurera pas sur l’album original mais sortira très vite en single avec en face B le titre « Oh Woman, Oh Why ? » le 22 février aux Etats-Unis. Ce sera son premier numéro un en solo !

Changement de guitariste
Les relations entre le couple McCartney et David Spinoza n’étant pas au beau fixe, ce dernier seraremplacé par un autre guitariste, Hugh McCracken, pour terminer l’enregistrement de RAM.
Le courant passe bien entre les deux hommes, même si Paul n’arrive pas toujours à bien exprimer ce qu’il attend de son musicien. Comme il ne sait ni lire, ni rédiger une partition, Macca est contraint de trouver un moyen de se faire comprendre. Ainsi, pour la chanson Uncle Albert / Admiral Halsey, c’est Hugh qui va demander à son patron de lui faire confiance pour la partie de guitare.

Mixage de l’album
Le mixage de l’album se fera à Los Angeles, aux Sound Recorders Studios à partir du 15 mars 1971.
Quelques overdubs sont nécessaires pour compléter les pistes prises à New York.

2. Les chansons

Too Many People
« Too Many People » est une chanson dirigée contre les Beatles et particulièrement John Lennon. En effet, ce dernier avait tendance à dicter aux autres ce qu’ils devaient faire. Comment un enfant qui se rebelle, McCartney a écrit cette chanson par refus de se faire guider par John. John, très irrité par les pics qui lui sont lancés sur l’album, écrira la chanson « How Do You Sleep ? » qui attaque méchamment McCartney.

3 Legs
Avec des paroles assez ambiguës, McCartney semble à priori attaquer son ami John Lennon dans cette chanson. Cependant, McCartney se défend très clairement en expliquant qu’il n’y avait aucune allusion aux Beatles. La chanson raconterait donc l’histoire d’un de ses chiens, qui n’avait que 3 pattes.

Ram On
« Ram On » est une courte ballade interprétée au ukulélé, s’ouvrant avec une introduction au piano.. On peut se demander si cette chanson n’est pas un message pour lui-même. On se souvient qu’il avait utilisé le pseudonyme « Paul Ramon ». Paul McCartney se persuaderait-il de ne pas perdre son temps ou s’étouffer avec sa vie post-Beatles ?

Dear Boy
Pour « Dear Boy », Paul et Linda McCartney vont enregistrer des harmonies en « quatre dimensions ». Paul sait très bien quel résultat il souhaite obtenir. Il a envie de retrouver un son à la « Beach Boys ». Elton John reconnaîtra plus tard que le travail sur ce titre est fabuleux.
« Dear Boy » est une chanson qui exprime la chance que Paul McCartney a d’avoir l’amour de Linda. Il s’y adresse au premier mari de Linda, en lui faisant prendre conscience de ce qu’il a raté.
Dans cette chanson, John s’est aussi senti visé.

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Uncle Albert / Admiral Halsey
Pour ce morceau, Paul fait venir l’orchestre philharmonique de New York au studio A1 qui se trouve sur la 7ème avenue.
Pour la partie « téléphonée », c’est la voix de Paul qui a été enregistrée avec des filtres pour donner l’impression d’une communication.
La transition des deux parties composant la chanson sera assurée par un son de tonnerre et de pluie. Les techniciens ont eu toutes les peines du monde à reproduire ce son. En 1971, les effets techniques n’ont pas encore fait leur apparition…
La chanson est une sorte d’hommage à son oncle Albert Kendall, qui était très drôle. McCartney s’est demandé « Que penserait-il de ma génération et de sa façon de vivre? ». L’admiral Halsey est l’imaginaire qui symbolise l’autorité.

Smile Away
Pour « Smile Away », 8 pistes de basse sont finalement enregistrées.
Cette chanson revient dans un rythme et une ambiance très rock’n roll des années 50. Bien qu’elle soit riche en harmonie vocale, elle semble être la production la moins complexe de l’album. Avec des paroles absurdes, cette chanson transmet une véritable joie de vivre et beaucoup de simplicité.

Heart Of The Country
« Heart Of The Country » est une ballade rapportant le bien de se retirer de la ville pour s’apaiser à la campagne. Cette chanson exprime parfaitement l’état de Paul lors de la sortie de RAM, vivant dans sa ferme écossaise et se ressourçant auprès de sa famille.

Monkberry Moon Delight
Paul aurait composé Monkberry Moon Delight en pensant à Screamin Jay Hawkins, interprète fantasque de rythm and blues. Celui-ci reprendra d’ailleurs le titre, en 1973. Il se dit que Macca aurait enregistré 90 prises avant de trouver la bonne formule.
Heather, la fille de Linda, participe aux choeurs de cette chanson.
McCartney expliquera le sens du titre qui peut paraître étrange : « Pour je ne sais quelle raison, les enfants avaient l’habitude d’appeler le lait « Monk » et la « Monkberry Moon » était une boisson fantaisie. Par conséquent, « MonkBerry Moon Delight » était un Milkshake fantaisie ».

Eat At Home
La chanson sera finalisée à Los Angeles où une partie de guitare et quelques voix seront revues.
« Eat At Home » a été écrite au sujet de la vie domestique commune de Paul et Linda McCartney. McCartney déclarera que cette chanson est un plaidoyer pour la cuisine à domicile. Cependant, elle semble être un clin d’œil au sexe.

Long Haired Lady
« Long Haired Lady » est la chanson la plus longue de l’album. Elle est en fait constituée de deux chansons qui ont été collées, comme McCartney l’a souvent fait. Elle s’ouvre sur un long « Well Well Well Well Well » qui se moque assez ouvertement de la chanson « Well, Well, Well » de John Lennon. La fin du morceau, finissant par « Love Is Long » n’est pas sans rappeler « Hey Jude ».

Ram On – reprise
Comme une transition dans l’album et pour annoncer la fin, « Ram On » est repris dans une version très courte. On se souvient que McCartney avait déjà utilisé l’idée de reprendre un thème déjà abordé à la fin d’un album (par exemple pour « Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band » ou « You Never Give Me Your Money »).

The Back Seat Of My Car
Cette chanson est un hommage aux rêves d’adolescents chantés par les groupes américains (tels que les Beach Boys). Ce morceau a été esquissé durant les Get Back Sessions avec les Beatles, le 14 janvier 1969. Très riche en harmonies, elle met en vedette le style de Brian Wilson. Comme avec de nombreuses autres chansons de l’album, John Lennon s’est senti attaqué par le refrain.

3. Pochette de l’album

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Le recto de la pochette est signée Linda McCartney. On y voit une photo de Paul maitrisant un bélier par les cornes. Cette photo nous donne un aperçu de l’album qui est une sorte de retour aux sources de la vie. L’intérieur et le verso sont une série de collages et dessins réalisés par Paul McCartney. Armé de feutres et de ciseaux, il découpe et colle de nombreuses photos de leur vie et des studios. On y retrouve par exemple deux scarabées qui copulent. Paul aurait-il voulu faire une sorte de pied de nez aux Beatles ? A ce sujet, il déclare : « C’est une réponse à ceux qui cherchaient des symboles dans tous les albums des Beatles. Là, au moins, le symbole était clair ! Il s’agissait juste d’une plaisanterie. »
On peut retrouver à droite du recto les initiales L.I.L.Y qui signfient très probablement « Linda I Love You ».

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Cette pochette sera par la suite parodiée par John Lennon qui se fera prendre en photo dans la même position que Paul mais tenant un cochon à la place d’un bélier.

4. Sortie de RAM
L’album RAM (bélier en français) sort le 21 mai 1971. L’opus est signé Paul et Linda McCartney. Ce sera la première et la dernière fois qu’un album sortira sous le nom du couple. Il s’agit d’un choix délibéré de la part des McCartney afin de toucher des droits d’auteur. En effet, à cette époque-là, les comptes des Beatles étant gelés suite à une décision de justice, Paul ne peut rien toucher. En publiant l’album sous son nom et celui de sa femme, Paul peut percevoir des revenus par l’intermédiaire de Linda. Cependant ATV, l’éditeur de Paul McCartney, doute des qualités de compositeur de Linda et refuse de lui verser ses droits d’auteur. L’affaire s’arrange finalement avec la décision de réaliser un show (The James Paul McCartney Show) pour la télévision dont les bénéfices iront à ATV. Linda peut donc toucher ses droits d’auteur.

5. La presse
Si RAM connaît un succès auprès du public, la presse ne pardonne pas le fait que McCartney ait mis un terme à la fin des Beatles. Trop préoccupés à faire regretter à McCartney son choix, les journalistes critiquent virulemment l’album. L’avis le plus cinglant est certainement celui de Jon Landau qui écrit dans le Rolling Stones Magazine : « RAM représente le point le plus bas, à ce jour, en matière de décomposition du rock des sixties » ou « McCartney crée de la musique avec une apparence pleinement développée, peu d’intensité, et aucune énergie ».
Au cours des années, les journalistes sont revenus sur cet album, reconnaissant en lui un chef d’oeuvre. Certains journalistes ont écrit un plaidoyer pour la réhabilitation de l’album RAM.

Retrouvez ci-dessous des extraits de presse concernant cet album :

Paul & Linda debut like the sweethearts of rock’n’roll reborn, as the ex-Beatle continues to play the rock Romeo with little else on his musical mind. A good part of the fun is McCartney’s light, clever arrangements and superb rhythm changes. « Smile Away, » « Too Many People » and « Back Seat Of My Car » are wailing sentimentality.
Billboard, 1971.

Paul McCartney may have found love, but judging from Ram, his second solo LP, he hasn’t found out where his head is musically. The album consists of several dozen hits and pieces, covering most of the known pop world, spliced often uncomfortably into 12 cuts. Typical is « The Back Seat of My Car, » which shifts from hard Fifties rock to syrupy Hugo Winterhalter violins to Mel Tormé crooning (complete with cocktail piano) and back to Fifties rock again — all without much success. And the inventory for « Uncle Albert/Admiral Halsey » includes a wiggly Biff Rose vocal, strings, French horns, bird whistles, a Beach Boys imitation, changing tempos and a thunderstorm. There are some nice moments, especially on a fundamental rocker called « Smile Away, » but it mostly seems to amount to Paul’s substituting facility for any real substance. It’s like watching someone juggle five guitars: It’s fairly impressive, but you keep wondering why he bothers.
Playboy, Juillet 1971.

This album has less of a work-in-progress feel to it than the first McCartney LP. This time he and Linda (credited with most of the songs) get together a widely differing set, full of very light and very clever arrangements (his « Heart of the Country » will bring in memories of Lovin’ Spoonful and jug band jazz). Thre’s a lot of sentimentality here as well that is carried over to the album jacket which has artwork from the children, blades of grass from the McCartney home, a lock of hair from the youngest child’s head, all pasted down on the inside.
Hit Parader, Novembre 1971.

Les albums de Paul me rendent triste parce que je crois que c’est un grand artiste, incroyablement créatif, incroyablement brillant, mais il m’a déçu avec ses albums. Je ne pense pas qu’il y ait une bonne chanson sur le dernier-né, RAM… J’ai plutôt l’impression qu’il a perdu son temps voilà ce que je sens.
Ringo Starr, 1971

« Uncle Albert/Admiral Halsey » is a major annoyance. I tolerated McCartney’s crotchets with the Beatles because his mates balanced them out; I enjoyed them mildly on McCartney because their scale was so modest; I enjoy them actively on « Monkberry Moon Delight » because it rocks and on « Smile Away » because it’s so vulgar and funny. But though nothing else here approaches the willful rhythm shifts and above-it-all silliness of « Uncle Albert, » most of the songs are so lightweight they float away even as Paulie layers them down with caprices. If you’re going to be eccentric, for goodness sake don’t be pretentious about it. C+
Robert Christgau, Christgau’s Record Guide, 1981.

While lacking the polish of his later efforts, McCartney’s second post-Beatles effort is brimming with melodies and intriguing ideas. Ultimately, it seems unfinished, but along the way one is treated to the delights of « Uncle Albert/Admiral Halsey » (a #1 hit), « Heart of the Country, » and « Back Seat of My Car. »
William Ruhlmann, The All-Music Guide to Rock, 1995.

Ram is credited to Paul and Linda McCartney, so you’ll have to discount « Eat at Home » to accept more fully formed pop tunes from the hubby. Fluff, sure, but darn catchy fluff.
Roger Catlin, Musichound Rock: The Essential Album Guide, 1996.

Ram n’est pas un chef-d’oeuvre recroquevillé dans un écrin d’ivoire : c’est avant tout un disque charmant, ouvert, généreux, avec bien sûr quelques faiblesses et un nombre équitable de perles précieuses et de cailloux fantaisie. Macca l’a souvent répété, il s’agit d’un disque voulu comme un redémarrage en souplesse, une quête de sensations primitives telles qu’il n’en avait plus connues depuis la genèse des Beatles une décennie auparavant.
Christophe Conte, Les inrockuptibles, Juin 2001.

6. Les singles
– “Another Day / Oh Woman, Oh Why?” (22 février 1971)
– “Back Seat of My Car / Heart of the Country” (13 août 1971, Grande-Bretagne)
– “Eat at Home / Smile Away” (Allemagne, Japon…)
– “Uncle Albert-Admiral Halsey / Too Many People” (single uniquement sorti aux Etats-Unis).

7. Thrillington

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En 1971, Macca contacte Richard Hewson, un arrangeur professionnel, qui avait entre autre orchestré Those Were The Days, le premier single de Mary Hopkin sorti en 1968, produit par McCartney pour Apple. Il lui demande d’écrire la partition pour orchestre des morceaux de RAM et de rassembler des musiciens. À ce moment-là, RAM n’est pas encore sorti et Hewson ne peut pas connaître la musique. Il reçoit donc un exemplaire du disque afin de l’étudier. L’enregistrement de Thrillington durera seulement trois jours, du 15 au 17 juin 1971, aux studios Abbey Road, en présence de Paul qui est un producteur attentif. Le mixage se tiendra dans la foulée, le 18 juin, le jour des 29 ans de Paul. Parmi les musiciens de studio recrutés pour l’occasion figurent le guitariste Vic Flick, le batteur Clem Cattini (membre du groupe The Tornados), le célèbre bassiste Herbie Flowers (qui jouera plus tard sur Give My Regards To Broad Street), le pianiste Steve Grey, l’organiste Roger Coulan et le percussionniste Jim Lawless. Sur ce noyau rythmique vont venir se greffer de nombreux instruments : des cordes (une dizaine de violons, quatre violoncelles), des instruments à vent (clarinettes, saxophones, trompettes, trombones, tuba, flûtes), ainsi qu’un clavecin (sur Uncle Albert) et un chœur masculin (sur Ram On). L’orchestration, qualifiée par certains critiques comme de la « musique d’ascenseur », est un savant mélange de jazz, de swing de big band et de pop-music, appuyé occasionnellement par des chœurs qui font du scat.

Malgré la qualité du travail réalisé, les bandes restèrent dans les tiroirs pendant six années. Paul était trop occupé à fonder son nouveau groupe les Wings. Thrillington, un album semi-symphonique qui reprend tous les titres dans l’ordre exact de l’album RAM en version instrumentale, ne sortira donc qu’en mai 1977, coincé dans la discographie de Macca entre le triple album Wings over America et London Town. L’album passera quasi-inapercu ainsi que ses rééditions en 1995 et 2004, sorties sans aucune publicité.

La pochette de l’album (une illustration hyperréaliste représentant un violoniste à tête de bélier) est signée Jeff Cummins du prestigieux studio de graphisme Hipgnosis (qui créa notamment plusieurs pochettes d’albums des Pink Floyd, de Genesis ou encore de Led Zeppelin).
La note, au verso de l’album, présente l’enregistrement comme une fantaisie d’un chef d’orchestre, appelé Percy « Thrills » Thrillington, qui aurait choisi les chansons de RAM pour les arranger à sa façon. Le Thrillington en question n’est autre que Paul McCartney en personne. De fait, l’album est édité sur son propre label, MPL. Le dessin au recto de la pochette de l’album montre le reflet de McCartney dans la vitre de la cabine du studio d’enregistrement. C’est en 1971 que Paul McCartney invente de toutes pièces le personnage de Percy Thrillington, dont il relate régulièrement la vie, les activités ainsi que les projets musicaux dans les pages du quotidien Evening Standard, sous le pseudonyme de Clint Harrigan. C’est à l’occasion de la conférence de presse du 27 novembre 1989 à Los Angeles, lors du World Tour, que McCartney avoue au journaliste Peter Palmiere qu’il est en fait Percy Thrillington. A l’annonce de cet aveu, la valeur de l’album verra sa cotation tripler.

8. Remasterisation de RAM
Après les albums Band On The Run, McCartney et McCartney II, c’est au tour de RAM d’être remasterisé, 41 ans après sa première publication en mai 1971. Il sera réédité sous différents formats le 21 mai 2012 au Royaume-Uni et le 22 mai 2012 dans le reste du monde. A l’occasion de cette re-sortie, le single « Another Day »/ »Oh Woman, Oh Why » a été réédité le 21 avril 2012.

Voici le détail des différentes éditions :

a) Edition standard :

7
1. Too Many People
2. 3 Legs
3. Ram On
4. Dear Boy
5. Uncle Albert/Admiral Halsey
6. Smile Away
7. Heart Of The Country
8. Monkberry Moon Delight
9. Eat At Home
10. Long Haired Lady
11. Ram On
12. The Back Seat Of My Car

b) Edition deluxe :

8
CD 1 – Album remasterisé (identique à l’édition standard)

CD 2 – Bonus Audio
1. Another Day
2. Oh Woman, Oh Why
3. Little Woman Love
4. A Love For You (Jon Kelly Mix)
5. Hey Diddle (Dixon Van Winkle Mix)
6. Great Cock And Seagull Race (Dixon Van Winkle Mix)
7. Rode All Night
8. Sunshine Sometime (Earliest Mix)

CD 3 – Album Mono remasterisé
1. Too Many People
2. 3 Legs
3. Ram On
4. Dear Boy
5. Uncle Albert/Admiral Halsey
6. Smile Away
7. Heart Of The Country
8. Monkberry Moon Delight
9. Eat At Home
10. Long Haired Lady
11. Ram On
12. The Back Seat Of My Car

CD 4 – Thrillington – Album remasterisé
1. Too Many People
2. 3 Legs
3. Ram On
4. Dear Boy
5. Uncle Albert/Admiral Halsey
6. Smile Away
7. Heart Of The Country
8. Monkberry Moon Delight
9. Eat At Home
10. Long Haired Lady
11. The Back Seat Of My Car

DVD – Films Bonus
1. Ramming
2. Heart Of The Country
3. 3 Legs
4. Hey Diddle
5. Eat At Home On Tour
La musique du menu sera une sélection de jingles issus du disque promo Brung To Ewe By.

Autres contenus :
– 1 livre de 112 pages
– 5 tirages de la pochette dans le style de l’époque
– 8 fac-similés grandeur nature des feuilles manuscrites écrites par Paul McCartney
– 1 mini-livre de photographies issues de la séance photo de la pochette qui n’avaient pas été utilisées
– un code pour télécharger l’album remasterisé et le CD bonus audio (fichiers en haute résolution : 24 bits 96 kHz)
– contenu digital pour les membres premium de paulmccartney.com

Ci dessous, retrouvez une vidéo dévoilant le contenu de l’édition deluxe :

c) Edition speciale :

9
CD 1 -Album remasterisé
1. Too Many People
2. 3 Legs
3. Ram On
4. Dear Boy
5. Uncle Albert/Admiral Halsey
6. Smile Away
7. Heart Of The Country
8. Monkberry Moon Delight
9. Eat At Home
10. Long Haired Lady
11. Ram On
12. The Back Seat Of My Car

CD 2 – Bonus Audio
1. Another Day
2. Oh Woman, Oh Why
3. Little Woman Love
4. A Love For You (Jon Kelly Mix)
5. Hey Diddle (Dixon Van Winkle Mix)
6. Great Cock And Seagull Race (Dixon Van Winkle Mix)
7. Rode All Night
8. Sunshine Sometime (Earliest Mix)

d) Vinyl :

 10 
Cette édition sera composée de deux disques vinyls 180gm.

Disc 1 – Side A
1. Too Many People
2. 3 Legs
3. Ram On
4. Dear Boy
5. Uncle Albert/Admiral Halsey
6. Smile Away

Disc 1 – Side B
1. Heart Of The Country
2. Monkberry Moon Delight
3. Eat At Home
4. Long Haired Lady
5. Ram On
6. The Back Seat Of My Car

Disc 1 – Side C
1. Another Day
2. Oh Woman, Oh Why
3. Little Woman Love
4. A Love For You (Jon Kelly Mix)
5. Hey Diddle (Dixon Van Winkle Mix)

Disc 1 – Side D
1. Great Cock And Seagull Race (Dixon Van Winkle Mix)
2. Rode All Night
3. Sunshine Sometime (Earliest Mix)

L’album remasterisé et les bonus audios seront disponibles en téléchargement (mp3), via une carte présente dans le vinyl.

e) Edition vinyl (Mono) – édition limitée :

11 
Side A
1. Too Many People
2. 3 Legs
3. Ram On
4. Dear Boy
5. Uncle Albert/Admiral Halsey
6. Smile Away

Side B
1. Heart Of The Country
2. Monkberry Moon Delight
3. Eat At Home
4. Long Haired Lady
5. Ram On
6. The Back Seat Of My Car

f) Edition Digitale :

L’album RAM sera disponible en téléchargement digital, dans différentes configurations, y compris en haute résolution sur Itunes. Deux titres bonus seront inclus dans l’album, à condition que vous l’achetiez sur paulmccartney.com ou sur Itunes :

1. Eat At Home/Smile Away (Live in Groningen, 1972)
2. Uncle Albert Jam

g) Single « Another Day » :

12
Une édition limitée du single Another Day sera publiée le 21 avril 2012. Ce single sera réédité par le Record Store Day et sera disponible chez les disquaires indépendants.

Side A
Another Day

Side B
Oh Woman, Oh Why

Voici la bande annonce de RAMMING, film présent sur le DVD de l’édition deluxe :

9. Les titres bonus
– Another Day (Paul & Linda McCartney)
Le 19 février 1971, entre l’album McCartney et Ram paraît la chanson « Another Day ». C’est le premier morceau de la carrière solo de Paul McCartney à paraître en single (avec « Oh Woman, Oh Why » en face B). Le morceau a été enregistré en janvier 1971 à New York avec la participation du Royal Philharmonic Orchestra. On peut déjà entendre des ébauches de ce morceau dans les Get Back Sessions, comme par exemple une interprétation du morceau au piano le 9 janvier 1969. Lors de l’enregistrement on peut retrouver le batteur Denny Seiwell, qui sera membre fondateur des Wings. La chanson « Another Day » est une grande réussite, avec une mélodie entraînante, un bel arrangement acoustique, des harmonies complexes et une ligne de basse mélodique. La chanson raconte l’histoire d’une femme banale et solitaire. Le single connaît le succès, atteignant la deuxième place des charts anglais, la cinquième du US Billboard et la première place des ventes en France.

– Oh Woman, Oh Why (Paul & Linda McCartney)
Cette chanson est la face B du single « Another Day » paru le 19 février 1971. C’est un rock teigneux animé par un riff de guitare répété.

– Little Woman Love (Paul & Linda McCartney)
Cette chanson a été composée par Paul McCartney durant les sessions d’enregistrement de l’album RAM, mais elle sera écartée de cet album. La chanson sortira en face B du single « Mary Had A Little Lamb » le 12 mai 1972, puis sur la réédition de l’album Wings Wild Life en 1993. Plutôt mélodique et très rythmée, cette chanson est une douceur plaisante. En concert, il sera interprétée sous forme de medley avec la chanson « C Moon ».

– A Love For You (Jon Kelly Mix)
A Love For You est une chanson enregistrée durant les sessions RAM. Elle apparaît dans la bande originale du film « The In-Laws » en 2003.

– Hey Diddle (Dixon Van Winkle Mix)
Ce morceau est issu des Ram sessions de 1970. Cette chanson apparait dans le disque Wingspan, en medley avec la chanson « Bip Bop ».

– Great Cock And Seagull Race (Dixon Van Winkle Mix)
Enregistré en Février 1971, ce morceau instrumental était prévu pour être une face B. Cependant, le projet a été avorté à la sortie du single « Give Ireland Back To The Irish ». Cette jam a eu deux autres titres qui sont : « Rooster » et « Breakfast blues ».

Version 1 :

Version 2

– Rode All Night
Cette chanson enregistrée en octobre 1970 s’ouvre sur une longue intro dans laquelle se battent riff de guitare et batterie à un rythme soutenu. McCartney donne l’impression de se casser la voix sur un morceau très rock.

– Sunshine Sometime (Earliest Mix)
Ce morceau enregistré fin 1970 est une piste basique d’une douceur savoureuse et reposante. Le morceau a été retravaillé en juillet 1978 en vue d’être intégré dans le soundtrack du film animation « Rupert ».

RAM :

RUPPERT :

10. Ce que pense Paul de cet album
Dans une interview accordée au journal « Les Inrockuptibles », McCartney revient sur l’album RAM en expliquant l’ambiance de l’époque et ses sentiments par rapport à l’album. Nous vous proposons de retrouver des extraits de cette interview.

C’est dans une nouvelle vie que Paul McCartney continue sa carrière solo. Mari et père de famille, sa vie et son inspiration s’est trouvent bouleversées. Il déclare :
« Quand Linda et moi avons commencé à faire de la musique ensemble, tout était conditionné par le fait que nous étions fous amoureux l’un de l’autre. Nous venions de nous marier, de fonder une famille, et notre musique était comme la bande-son qui devait accompagner cette nouvelle vie. Ram est sans doute le disque qui reflète le mieux cette période c’est d’ailleurs pour ça qu’il est signé Paul & Linda McCartney.»

La fin des Beatles était aussi un grand vide dans sa vie, ce ne sont pas moins de dix années qui prenaient subitement fin :
« La musique et le couple que je formais avec Linda étaient les seules choses qui me rendaient véritablement heureux à cette époque. Pendant toutes les sessions de Ram, j’essayais de me vider la tête, de ne plus penser à autre chose qu’à la musique. La séparation des Beatles, la grande confusion qui a suivi, le fait de devoir apprendre à vivre autrement.»

En évoquant l’état d’esprit dans lequel il était à la fin des Beatles et au début de sa période d’isolement à la campagne, il dit :
« Le disque lui-même est une aventure. Sur Ram, je cherche sans arrêt des directions où je n’étais jamais allé auparavant. Au niveau des textes, c’est la seule fois de toute ma vie où j’ai écrit des choses ouvertement surréalistes notamment Monkberry Moon Delight. Quand j’y pense aujourd’hui, je me demande ce qui me passait par la tête à ce moment-là.»

Plus tard, il ajoutera :
« Je ne peux pas dire que je n’ai jamais pensé aux Beatles en l’écrivant, mais c’est vrai qu’il s’agit du premier disque où je me suis senti vraiment libéré. En travaillant avec de nouveaux musiciens, je pouvais me reposer sur eux en étant certain qu’ils m’amèneraient dans une nouvelle direction.»

Très touchés par les critiques de l’époque, McCartney a souffert. Il revient sur l’injustice qu’il a ressentie de la part les journalistes :
« Tout ce que j’ai fait après les Beatles a toujours été jugé selon des critères comparatifs par rapport aux Beatles. Dans le cas d’un disque comme Ram, je pense qu’il a fallu du temps pour que les gens se rendent compte que cet album avait des qualités propres, une atmosphère très personnelle. Comme certains faits historiques, il arrive que leur importance ne se révèle que bien des années plus tard. Avec ce disque, c’est la même chose.»

Christophe Conte, Paul McCartney en interview exclusive, Les inrockuptibles, 12 juin 2011
Source de l’interview : Lesinrocks.com

Pour finir, voici une petite interview promo dans laquelle Paul ressort ses souvenirs sur RAM :