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Même à 66 ans, personne n'utilise plus guère une écharpe en soie comme Paul McCartney. Tandis que sa réputation d'ex-Beatles le précède ,son rôle inégalé dans l'histoire de la musique, son succès solo énorme et sa vie privée, par exemple -, aujourd'hui il se dévoile en passant derrière un rideau dans un restaurant à Londres, mais on a les yeux rivés sur les points jaunes, verts et rouges encadrant son visage.

McCARTNEY a de bonnes raisons de s'entourer ainsi.Une grande partie de l'année s'est déroulée pour lui très amèrement dans la Haute Cour de Justice, 2008 s'est révélée comme étant une des années les plus fructueuses de sa carrière. Non seulement il a joué lors de concerts gigantesques (récemment à Tel Aviv, où il a défié des avertissements des militants islamiques pour jouer devant des centaines de milliers de fans pleins d'adoration) et il a gagné une récompense d'honneur remise par MTV, le chanteur a également trouvé le temps de ressusciter sa collaboration autrefois secrète avec le producteur Martin Glover, plus connu sous le pseudonyme de Youth.

À la différence de leurs albums précédents - STRAWBERRIES OCEANS SHIPS FOREST sorti en 1993  et RUSHES acclamé par la critique en 1998 - la dernière collaboration du duo , ELECTRIC ARGUMENTS est un mélange divers d'expérimentation éclectique et de techniques traditionnelles d'écriture de chanson. En effet, car McCARTNEY parle du disque à une conférence de presse à Londres, on se demande si, s'il n'avait pas collaboré avec Youth, ce nouvel opus ne pourrait-il pas être considéré comme son dernier effort solo, tellement sont familiers à nos oreilles des titres comme  voies comme le SING THE CHANGES ou THE SUN IS SHINING.

Puis à la différence des prédécesseurs d ELECTRIC ARGUMENTS, l'album arrive cette fois sous un label indépendant de ONE LITTLE INDIAN, en opposition totale à l'ancienne maison de disques historique de McCARTNEY, EMI. C'est un mouvement qui continue pour le chanteur qui avait un pas pour la première fois l'année dernière lorsqu'il a sorti MEMORY ALMOST FULL par l'intermédiaire de HEAR MUSIC. Je lui demande ce qui l'a motivé à rester dans cette mouvance indépendante.

« Je pense les patrons à l'heure actuelle, je ne veux pas les critiquer, mais je ne pense pas qu'ils savent vraiment ce qui se passe » répond McCartney. « J'ai le sentiment qu'avec cette culture de téléchargement ils pataugent un peu parce qu'ils ont eu leur propre manière de voir les choses depuis très longtemps. Quand j'ai sorti MEMORY ALMOST FULL, mon dernier album, j'ai vraiment eu peur de rentrer dans cette salle avec tous ces types importants. » McCARTNEY utilise la voix d'un de « ces types ».

"Oui Paul on aime votre album, il est vraiment génial."

'Euh..Oui.  Qui êtes vous ? Est-ce que je dois respecter votre avis ? De sorte que ça c'était un des facteurs - et le téléchargement, le deuxième.

« Et je pense que j'ai pris la bonne décision à ce moment-là parce que soudainement, peu après, EMI a été vendu, ainsi j'aurais été dans une mauvaise situation pour vendre mes disques. Et l'autre chose, ils ont beaucoup de gens à s'occuper et que vous le vouliez ou non  vous êtes juste un d'entre eux, un parmi tant d'autres et ce n'est pas une situation agréable - vous aimez vous sentir entourés par des gens que vous considérez comme des amis, et c'est pourquoi j'ai fini par me décider à me tourner vers ce label indépendant. » McCARTNEY sourit quand il dit que cette fois avec FIREMAN « c'est bien plus indépendant encore». « J' aime juste ce disque parce qu'il y a une certaine liberté et également ils semblent s'être intéressés davantage au disque, ainsi vous obtenez plus de choses de leur part. Et encore pour moi c'est juste quelque chose de différent ; ce n'est pas la même vieille routine. »

Et CA c'est le McCARTNEY tout craché - avec cette soif de toujours faire quelque chose de différent. Au cours de l'heure passée en sa compagnie, son désir de développer encore plus loin sa carrière, que ce soit sous des pseudonymes ou son propre nom, est irrésistible.

Ah, et naturellement, on a évoqué le choix de cette écharpe.

ELECTRIC ARGUMENTS est le premier album de FIREMAN à comporter des pistes vocales - pourquoi avez-vous décidé de  chanter enfin sur ce disque ?

« Après avoir fait deux albums [sans vocaux] nous avons décidé qu'il était temps de changer. Youth m'a suggéré, `que dirais-tu si nous faisions de vraies chansons ? 'J'ai dit : En fait je n'ai aucune chanson, je n'ai aucune idée. 'Ainsi il a  dit, `, Et si on essayait quand même ? 'parce que c'est FIREMAN et que quelque chose va forcément se passer. J'ai dit : `Oui surement. 'Nous avons juste mis le feu à deux ou trois mots. » Puis McCARTNEY commence à chanter un refrain autour de `"Silent Lovers" « Nous avons continué à improviser ces choses pour la chanson et la plupart du temps une chanson est sortie de ces moments. Et c'est ainsi que FIREMAN a trouvé sa voix. »

THE FIREMAN est un autre exemple de votre amour pour l'expérimentation. Avez-vous une philosophie en termes de création ?

« Je n'ai jamais ressenti  ce que je fais comme étant quelque chose d'important. D'autres personnes le ressente comme ça pourtant mais je ne la regarde pas comme cela. Je ressens tout cela comme de l'amusement. Je dois m'amuser dans le studio et c'est toujours le cas - et sur scène aussi. Je me sens toujours privilégié de pouvoir entrer en studio avec une guitare  et un ampli - je pense toujours à garder la fraîcheur. Quand nous faisions quelques répétitions, je regardais juste l'ampli et je pensais  "WOW" . Ainsi je pense que l'enthousiasme est ce qui guide ma vie ; je cours toujours après. J'aime juste réellement ce que je fais, et je n'ai jamais l'impression de prendre des risques - jusqu'à la prochaine fois.C'est seulement quand nous montons sur scène quand les gens découvrentt réellement ce que nous avons fait que je pense `ouais, ceci était effectivement un peu risqué.

« Quand nous (les Beatles) avons fait quelque chose comme Sgt.Pepper's, c'était un peu un risqué mais nous n'avons pas pensé que ça l'était. Les journaux ont dit ça. Je me rappelle un journal célèbre disant le Beatles s'étaient asséchés, ils n'ont rien fait pendant six mois, ils sont en train de se séparer et nous attendions de sortir Sgt.Pepper's et on disait " Vous allez voir..." [rires]. Voilà ce que j'aime faire ; pousser les frontières, et garder la fraîcheur . »

Comment la façon de travailler de Youth diffère-t-elle par rapport producteur solo Nigel Godrich ?

« Il est très facile de travailler avec Youth - il a un genre très facile à vivre, une belle attitude face à la vie. Il est plus difficile de travailler avec Nigel - mais ils sont tous deux très bons.Nigel n'a pas une attitude si enthousiaste face à la vie - il est plus précis. Mais ouais, j'aime travailler avec quelqu'un ; J'aime laisser les commandes à quelqu'un. Je ne me sens pas comme étant obligé d'avoir les pleins pouvoirs. J'aime un peu ça, mais j'aime aussi garder l'esprit ouvert, c'est plus amusant que juste se reposer dans une chambre toute la journée. Ouais j'aime collaborer mais vous devez admirer la personne avec laquelle vous travaillez pour pouvoir faire cela. »

Pourquoi avez-vous choisi d'écrire et composer une chanson chaque jour ?

« Il y a seulement une réponse à ceci et c'est parce que nous avons voulu, tout simplement. Nous avons eu la liberté pour faire cet album  exactement de la façon que nous avons voulu et il aurait pû être plus soigneusement réalisé, très précis mais ça n'aurait pas été le FIREMAN. C'est ça le truc - il est très libre. Et c'est également une approche qui m'intéresse . L'idée même derrière Sgt.Pepper's `… 'était de créer un groupe fictif, et nous pouvions faire semblant, dire que nous étions cette bande et pas les Beatles, ainsi nous avons gardé tout ça à l'esprit. Quand John se dirigeait vers le micro une certaine partie de son cerveau était consciente que c'était John Lennon. Et parfois c'était un peu trop de pression alors nous avons créé cette idée avec le Sgt.Pepper Band que ce n'était plus John Lennon, que c'était Dirk. Ainsi il allait jusqu'au micro et il chantait comme il voulait que Dirk chante sans penser à ce que les gens attendent de sa façon de chanter. C'est un vieux truc . Nous le faisions en 1967 pour Sgt.Pepper's et d'autres personnes l'ont fait avant nous. Mais c'est très libre - c'est une manière très joyeuse d'enregistrer. Parfois ça peut être assez effrayant mais c'est fabuleux. Et c'est très rapide. Mais j'apprécie ce processus parce qu'il vivifie. »

Vous avez autorisé un téléchargement de LIFELONG PASSION. Que pensez-vous maintenant de la culture de téléchargement. Est-ce ça vous dérangerait si quelqu'un téléchargeait votre album gratuitement ?

« C'est un fait étrange pour moi parce que je ne suis pas de cette génération. Je suis du temps où vous entriez dans un magasin de disques et vous achetiez des 45 tours, donc je ne comprends pas forcément tout . On a toujours dit ça au sujet des Cd, des bandes etc…. Nous sommes passés par le vinyle, des cassettes, puis les CD et maintenant le téléchargements, et à moi ça me paraît être toujours la même chose, excepté que maintenant il y a cette chose étrange où les gens ne payent plus       ( rires).

C'est un peu surprenant mais je ne m'occupe pas réellement de tout ça, c'est intéressant. tout ça est établi maintenant, le disque de Radiohead que vous payez en fonction de ce que vous pensez que ça vaut. Je pense que c'est une idée vraiment drôle de procéder.

« Je dois dire, je n'ai pas téléchargé réellement l'album de Radiohead, IN RAINBOWS. Je pensais effectivement à le télécharger et leur donner 1 penny et dire à tous mes amis que je leur avait versé 10 livres sterling - je pense que beaucoup de personnes ont fait ça aussi. Ce fait partie de la vie maintenant. »

Vous avez mentionné récemment que vous voudriez chanter une chanson pour Michelle Obama ( épouse de président élu Barack Obama ) - vous voulez vraiment faire ça ?

« J'étais si heureux qu'Obama ait gagné. Je croisais les doigts parce que je m'attendais à des manipulations jusqu'au dernier moment, comme ce qui s'est produit en Floride [entre George W Bush et Al Gore en 2000]. J'étais heureux il a gagné que ce qui s'est produit à moi était que, si j'obtenais jamais demandé, je pourrais chanter [Michelle, la chanson des Beatles] à son épouse - mais je n'ai pas écrit un titre spécial pour lui, cette vieille chanson devrait  suffire. »

Que conseiileriez-vous à Michael Jackson de faire suite à ce règlement à l'amiable consenti avec le deuxième fils de l'émir du Bahrein ?

(Imitant la voix de Jackson) « Vous savez, je vais faire un autre album (rires). Je ne sais pas en fait, faire un autre album, qui devra être génial. Ce type terriblement doué. »

Que pensez-vous de vos fans et comme Ringo [Starr], êtes-vous sur le point de leur interdire d'envoyer des photos à signer ?

« (En plaisantant) Ouais, je ne signe plus rien - vous pouvez vous les coller ou je pense(rires). Ringo a toujours été comme ça, Dieu le bénisse.
Nous aimons Ringo parce qu'il dit juste ce qu'il pense. S'il ne veut plus rien et bien qu'il en soit ainsi. Je ne m'occupe pas de cela, je pense que c'est vraiment sa vie après tout. Et ouais, il agit de manière trouble parfait, mais quiconque connait Ringo il est comme il est. Je pense que c'est une bonne qualité ; On appelle ça l'honnêteté je crois. »

Les Beatles vont-ils enfin apparaître sur I-Tunes ?

« Les tractations sont encore en cours. Ce qui se passe c'est que quand quelque chose est aussi grand que les Beatles, il y a de lourdes négociations, on ne se réunit pas simplement dans une salle. I-Tunes veut ceci, EMI veut ceci, M. Hands veut ceci ; il y a des négociations lourdes qui continuent sans cesse. Nous sommes tous en partie d'accord il y a deux ou trois points de désaccord que je comprends. Les derniers choses que je sait c'est que les négociations sont gelées à l'heure actuelle. Ils [EMI] veut quelque chose que nous ne sommes pas disposés à les donner. C'est ça l'industrie musicale. »

Le nouvel album du pompier a été comparé aux Killers, Arcade Fire ou encore Jack White - Etes-vous heureux d'être cité à côté de ces artistes?

« Ouais,ça ne me dérange pas d'être comparé à eux puisque ce sont de bons artistes. J'entends un peu de U2 dans SING THE CHANGES mais ce n'est pas intentionnel. Vous ne pouvez pas empêcher les gens de dire que votre chanson ressemble à quelqu'un d'autre. Nous ne nous sommes pas assis en pensant `Tiens, nous devons faire du Jack White sur cette chanson. '

Vous avez évoqué récemment de la chanson "perdue" des Beatles, CARNIVAL OF LIGHT. Prévoyez-vous de sortir la chanson - et est-elle électronique ?

« Non, elle n'est pas électronique. C'est un peu avant-garde, ou comme George Harrison, le guitariste des Beatles l'a dit " avant-garde mes fesses !".
'C'est long de quinze minutes. C'est une vraie chanson, elle n'est pas vraiment électronique - il y a un peu d'écho et de substance. J'ai essayé de la sortir sous une certaine forme entre autres sur The Beatles Anthology, j'ai pensé que ce pourrait être une bonne chose de montrer ce côté de nous. Mais nous ne sommes pas tous tombés d'accord là-dessus, deux ou trois personnes m'ont dit qu'ils ne l'ont pas aimé et donc ils ont mis un veto sur la sortie. Avec les Beatles nous avons toujours convenu de ça, si quelqu'un n'aimait pas une chanson on la jetait. Bonne politique en soit. »

Source: Gigwise.com

Traduction : Philippe P.