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Interview de Paul McCartney - New-York Times (Archive 2009)
19 janvier 2014
17:57:34
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Dominique Grandfils
Administrateur
Nombre de messages du forum : 1874
Membre depuis :
27 décembre 2013
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Paul McCartney aime sortir de la bulle des Beatles, il a vécu dedans depuis qu'il a 21 ans et finalement c'est juste un mec ordinaire. Alors le voilà. Pas de masque, pas de gardes du corps. Juste lui, Paul.

Parfois, il va au bowling. Ou à l'épicerie. Ou va au cinéma avec sa copine et se fait rembarrer par des étrangers parce qu'il parle trop pendant le film. Il ya quelques années, rappelle-t-il, il s'est retrouvé dans un bus de la ville de New York. Ou plutôt, les New-Yorkais l'ont retrouvé dans un bus.
Tout le monde a regardé le célèbre passager sur son siège, mais personne n'a dit un mot. Enfin, quelqu'un - " la dame africaine " - prît la parole. "Hey!" McCartney imite sa voix haut perchée, avec un plaisir évident de raconter ce souvenir. "Paul McCartney, c'est-vous?"
" Ouais, c'est moi! " "Sir Paul a répondu. «Je suis devant leurs yeux. Je ne peux pas rétrécir. Pas du tout. Je suis de Liverpool, vous avez juste à vivre avec ça.

"Alors j'ai dit:« Ecoutes, ma chérie. Ne criez pas à travers le bus. Venez vous asseoir ici! " La femme a accepté l'offre et l'improbable couple a eu une joyeuse discussion en longeant plusieurs pâtés de maisons. Et puis le plus célèbre chanteur du monde a descendu à l'arrêt du bus et s'est fondu dans la masse des gens du centre de Manhattan.
McCartney jouera devant plus de 60.000 personnes à FedEx Field, ce samedi, la troisième étape de sa mini-tournée d'été pour marquer un évènement ( le concert vient 45 ans après que les Beatles aient fait leur premier concert américain à Washington, au Washington DC disparu depuis longtemps).

Il sera entouré par l'attirail habituel de la rock machinerie et par une barrière hermétique des gens de sa garde rapprochée. Mais il dit qu'il rencontre des saveurs comme lorsqu'il prend le bus, car ça lui rappelle qui il est et d'où il vient avant que lui et quelques-uns de ses amis se réunissent pour révolutionner la musique populaire.

"C'est cool , vous savez», dit McCartney. "C'est un équilibre. Je suis juste l'une des personnes dans ce bus. Je suis célèbre, mais je me comporte normalement.... Vraiment, c'est important pour moi".
McCartney raconte cette histoire quelques heures avant de monter sur scène pour un spectacle à guichets fermés à Citi Field, la nouvelle maison à New York des Mets.
Il est dans son sound-check en cet après-midi - habillé avec une chemise blanches avec des petits points, une paire de jeans sans ceinture, et chaussés de confortables chaussures de sport noir. Il est installé dans le stade du club, qui a été modernisé pour lui.

Le "sanctuaire intérieur" de McCartney sanctuaire intérieur est drapé de rideaux et sur les canapés trônent des peluches, avec un faible éclairage et des batônnets d'encens brûlant sur la table basse. "Ca ne vous dérange pas si je grignote pendant qu'on parle?" demande McCartney, végétarien depuis les années 1970, comme il enfourne une grappe de raisins et des amandes dans sa bouche.
Pour une personne âgée - impossible de croire qu'il a maintenant 67 ans- McCartney ressemble remarquablement à un jeune homme. Il est mince, presque squelettique, et à vrai dire, il pourrait même prendre un peu plus de poids. Le célèbre visage de chérubin visage est juste un peu joufflu pour vous rappeler que McCartney n'a plus 21 ans. Le cheveu ébouriffé est brun. C'est rassurant, pour qui veut un Beatle, en particulier les jeunes fans aux yeux de biche, qui ne veulent jamais que Paul ce jeune garçon des Beatles, paraîsse vieux, ou même qu'on puisse lui donner un âge.
Les nouvelles de ces derniers mois sont au top.

La voix de McCartney reste aussi fort et souple que celle de sa jeunesse, même, dans sa 50ème année d'exercice. Les critiques ont généralement applaudi sa façon de chanter et l'écriture de son dernier album, "Electric Arguments", publié l'an dernier au titre de son alter ego THE FIREMAN. Mais McCartney est une révélation en concert. Il joue sans interruption pendant environ 2 heures 30 par nuit, offrant plus de 30 chansons de son vaste catalogue. L'ensemble de cette liste va des classiques comme "Blackbird" et l'inévitable "Yesterday" à la frénésie, la voix déchiquetée sur "I'm Down". ( Ce jour-là, même son sound check est un mini-concert, avec une douzaine de chansons voire plus, dont une belle version de "Midnight Special").
Le show de McCartney's rend un vibrant hommage à plusieurs personnes qui nous ont quitté ; "My Love" est dédié à sa femme Linda, "Give Peace a Chance" va à John Lennon, et "Something" est chanté en l'honneur de son créateur, George Harrison. Note touchante : McCartney joue cette dernière sur un ukulele que Harrison lui a donné.

McCartney explique pourquoi il met l'accent sur les chansons du Beatle McCartney (et non Lennon-McCartney). C' est calculé bien sûr.

«C'est toujours difficile de faire de nouvelles chansons, dit-il. «Vous savez, je réfléchis et je pense, 'Bon, je viens de voir ce spectacle, je suis juste un simple membre du public, qu'est-ce que je voudrais entendre?" Et vous savez, moi je voudrais entendre beaucoup de hits. Si je vais voir Prince, je sais les chansons que je veux. Je veux "Purple Rain", s'il vous plaît. Vous savez si il ne le fait pas, quelqu'un trouvera ça bizarre " Comment s'était alors ?" et vous devez répondre: «Eh bien, il n'a pas fait '' Purple Rain '. ... Je ne veux pas qu'un seul fan rentre chez lui en pensant: «Oh, j'aurais aimé entendre " Hey Jude ". "

Il n'a pas l'esprit de la nostalgie.
McCartney considère ça comme quelque chose qui s'apparente à redonner aux gens les chansons qu'ils ont aimé puisque c'est ça qu'ils veulent entendre en priorité . "Oh que oui je veux les faire", dit-il. "Nous faisons des concerts pour les gens comme eux. Et il est donc encourageant de voir que les gens aiment ça. Vous ne pouvez pas être ennuyé que les gens aiment vos chansons, quand même ?".
McCartney est tellement genial, que les entretiens peuvent être une expérience un peu déconcertantes.

Il a répondu à toutes les questions importantes, des dizaines, voire centaines de fois, mais sa carrière a été si riche et variée et que le potentiel des questions est infini. De plus, chaque fois que vous réfléchissez à ce que vous êtes en train de vivre,une petite voix vous rappelle à côté de qui vous êtes assis (rappelez-vous cette entrevue totalement loufoque de Chris Farley' dans le "Saturday Night Live" en 1993; Farley disant à McCartney: "Vous... vous... rappelez-vous quand vous étiez dans les Beatles et que vous avez fait cet album là" Abbey Road ",je crois...?")
McCartney lui-même ne semble pas impressionné par tout ce qui entoure sa propre légende. "Le truc pour résumer ce sujet, les Beatles, Wings et moi maintenant, c'est que je suis trop occupé à vivre pour y réfléchir ou me souvenir de tout." Ses amis, aiment regarder en arrière - «Ils lui disent:" Quel est ton spectacle préféré des Beatles? "- McCartney, ne saura pas quoi répondre.
Eh bien, peut-être qu'il est possible d'effacer au moins un petit mystère qui tient depuis plusieurs décennies : Quelles sont EXACTEMENT les paroles de  "Live and Let Die"? Dit- il, « In this ever-changing world in which we live in"? Ou alors  "in which WE'RE LIVING"?

McCartney réfléchit et semble véritablement perplexe. "Ouais, bonne question, dit-il. «C'est une sorte d'ambivalence, n'est-ce pas?... Euh... Je pense que c'est" WE'RE LIVING " effectivement...
Il commence à chanter à lui-même : " C'est drôle. Il ya trop de «in». Je ne suis pas sûr. Je dois effectivement regarder. Je ne pense aux paroles quand je chante. Je pense que c'est "WE'RE LIVING". «Ce que nous vivons". Ou ça pourrait être "dans lequel nous vivons" Ca sonne moins bien mais c'est plus mignon. C'est ça l'intérêt. "Dans lequel nous vivons" Dans lequel nous vivons, je crois que c'est ça définitivement WE'RE LIVING".

Ah, merci, mon pote. Une bonne chose de réglée.
Le plus grand mystère entourant McCartney est celui-ci :
Pourquoi, après toutes ces années, est-il encore présent? Que pourrait-il après tant d'années vouloir prouver - l' adulation frénétique des Beatles pendant des années, la collaboration avec Lennon, l'argent et la gloire, les tragédies personnelles, le divorce - et que reste-t-il après cela?
McCartney nous éclaire lors de notre discussion. «J'aime ce que je fais», il répond instantanément. «C'est vraiment assez simple. Donc, je suis très heureux d'obtenir ce job. J'ai eu d'autres job qui n'étaient pas aussi bons que celui-ci. Co-pilote d'un camion de livraison -, ça n'a pas été un travail bien passionnant.

"Et puis vous la relation avec le public, que l'autre type de travail vous donne ça. Il y a une grande chaleur, ça guérit de bien des maux.... Je trouve que c'est juste un grand plaisir de pouvoir juste brancher une guitare électrique et jouer. C'est ce que je voulais faire depuis que j'ai été un enfant. Seulement le nombre de watts est maintenant un peu plus gros. "

McCartney note que les concerts sont assez bon, aussi. Sa tournée est presque complète, avec une date ajoutée ici, un autre là. Y compris une performance bien accueillie au Festival de musique de Coachella, en avril et une mémorable apparition au sommet de l'Ed Sullivan Theater lors de l'émission de David Letterman au début de ce mois,  en tout McCartney et son groupe joueront dans huit villes, la tournée actuelle durant trois semaines.

L'ex-Fab Four se dit "excité" par les concerts, mais le peu de concerts est un choix de mode de vie.
«Ma situation personnelle en ce moment avec ma fille de cinq ans [Beatrice, avec l'ex-épouse Heather Mills] me donne certaines périodes de temps où je peux faire ce que je veux. C'est ça la chose étrange au sujet du divorce. D'une part, vous devenez un parent célibataire d'un seul coup. Mais ça a changé ma façon de tourner maintenant.

Alors, nous l'appelons Summer Live, c'est une petite série de dates qui sont montés quand j'ai des jours de libres dans mon planning donc quand je suis ne suis pas un papa. J'aime cet équilibre. C'est vraiment bien. Les autres jours, je rentre à la maison et je suis papa, et lorsque cette période est terminée, je reviens sur scène. "

Il reconnaît qu'il a pensé à la retraite, mais pas très sérieusement et certainement pas de sitôt.
"C'est ce que tout le monde pense et se dit que le moment arrivera bien», dit-il.

«Même les jeunes de 15 ans pensent déjà à leur 65 ans et pense que c'est probablement à cet âge qu'il faut prendre sa retraite», dit-il. "Mais des choses étranges se produisent dans la musique. Vous regardez des gens comme Tony Bennett, BB King - des gens qui sont aussi bons sinon meilleurs que ce qu'ils étaient autrefois. Et vous pensez de la sorte, oh! Et vous regardez comment vous vous situez. De plus, le truc, c'est que j'ai toujours dit, que si les gens ne veulent pas venir me voir et si je suis joue mal, alors je dois regarder la situation plus sérieusement... je ne pourrait certainement pas me donner comme ça. J'aime trop ça. "

Cette phrase suggère que l'inimaginable est non seulement possible mais très probable:
un Beatle, âgé de 70 ans, voire 75. Paul McCartney y est presque, et ça ne semble pas étrange du tout. Dans ce monde en mutation dans lequel nous vivons, ça semble même être une chose normale, aussi normal que conduire un autobus.

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