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Est-ce que c’est Paul  ?

Ouais ! Comment ça va ?

Je vais bien. Je suis très heureux de vous parler. Je dois te dire que ma sœur et ma maman étaient dans la foule de l’Hammersmith Odeon en 1965…

Je m’en souviens bien ! (Rires)

Elles m’ont dit que tout ce qu’elles pouvaient entendre, c’était des cris !

Je sais – c’est tout ce que nous pouvions entendre également… Je dois dire même que nous ne pouvions rien entendre, c’était une époque vraiment excitante.

Mes enfants aussi vous écoutent. Ma fille, qui a 11 ans, a juste commencé la basse et elle apprend ‘Let It Be’ C'est la première chose qu'ils ont voulu qu’elle apprenne.

Wouah. C’est fabuleux, hein. Nous n’aurions jamais pensé que cette chanson durerait aussi longtemps. Mais, vous savez, c'est un grand hommage pour moi que ça continue et que les enfants la jouent de nos jours. Je suis très fier de cela.

C’est la troisième chance que vous donnez à Israël, n’est-ce pas ? Après que notre brillant gouvernement vous ait interdit de venir et que les dates des Wings soient tombées à l’eau (dans les années 70) Est-ce que c’est un endroit où vous avez toujours en particulier voulu jouer ?

Ouais, vous savez, je suis toujours intéressé de venir dans des endroits où je n'ai jamais été auparavant, juste comme un touriste. Il est toujours intéressant d'aller dans une nouvelle région. On m’a proposé de venir. Et ça m’a intéressé. Je veux voir à quoi ça ressemble. Beaucoup de personnes m’ont dit Tel Aviv est un très bel endroit.

Israël est glorieuse et frénétique ! Est-ce que vous allez visiter un peu le pays, aller à Jérusalem… ?

Je ne suis pas sûr. Tout le monde me dit : ‘oh vous devez aller à Jérusalem, c’est si beau. C'est une ville riche en histoire.’ Mais je ne pense pas que je vais avoir le temps, normalement… Je dois être de retour en Angleterre pour d'autres choses. Mais ce qui se produit parfois c’est que vous allez dans des endroits et vous vous dites ‘je dois vraiment revenir ici, je veux en visiter plus.’ Donc parfois c’est bon de ne pas visiter tout d’un coup.

Bien, peut-être vous reviendrez incognito. Je dois vous dire que tout ceux qui ont entendu que j’allai vous interviewer, m’ont demandé de vous passer le bonjour et de vous dire à quel point ils pensent à vous et que vous venez en tant que personne si décente.

Ah, c'est très gentil. Merci. Et je leur dis Shalom !

Comment vivez vous le fait que pendant la quasi entièreté de votre vie, partout où vous allez, les gens savent qui vous êtes. Presque tout le monde vous aime et ça doit être un sentiment extra de savoir cela, mais comment vivez vous le fait d’être reconnu partout où vous allez ?

C'est un sentiment assez étrange, mais j'ai grandi avec ça. J'ai dû prendre une décision lorsque j’avais à peine 20 ans.

J’en parlais justement à quelqu'un la nuit dernière : Je suis allé en vacances en Grèce (en 1963) avec mon amie de l’époque, qui était Jane Asher, ainsi que Ringo et sa fiancée Maureen, qu’il épousa plus tard. Le type qui me parlait la nuit dernière m’a dit que sa mère et son amie nous avaient rencontré là bas. Et je lui ai raconté cette histoire : nous n'avons pas été reconnus en Grèce et en fait j'ai eu une difficulté folle à expliquer au groupe de l'hôtel que nous avions beaucoup de succès en Angleterre. Mais en réalité, ils étaient plus célèbres à l'hôtel que nous ne l’étions.

Ainsi j'ai toujours pensé que la Grèce serait un endroit où nous pourrions aller tranquillement. Et je me suis dit que c’était super puisque finalement il y aurait toujours des endroits dans le monde où nous pourrions passer des vacances sans être dérangés, et que la Grèce serait une bonne destination pour faire cela.

Et puis, environ un an après, quelqu'un m’a dit ‘hé, vous êtes le numéro un en Grèce !’ Et je me suis dit ‘oh mon dieu, on ne pourra plus y aller incognito’.

Ainsi j'ai dû prendre une décision : Si tu veux continuer dans la musique alors ça sera le prix à payer, ou il aurait fallu se retirer élégamment à ce moment là. Et évidemment j'ai pris la décision de rester dans la musique. Ainsi j'ai toujours su que j’allais y laisser un partie de moi-même, d'une certaine manière. Donc je me suis déterminé à essayer d’apprécier cela. Et c'est en quelque sorte ce que je fais. Il arrive parfois que je sois ennuyé. Mais j’ai trouvé plus ou moins le moyen de tourner cela à mon avantage et d’une certaine manière j'apprécie ma notoriété.

Y a il une chanson en particulière pour laquelle vous vous êtes dit ‘hé, il faut vraiment que je la joue en Israël’ ?

Nous avons quelques chansons que nous avons ressorti pour le concert en Israël. Nous avons légèrement changé la setlist. Mais la plupart des chansons sont basées sur ce que je pense que les gens ont envie d’entendre. Donc finalement ça sera assez similaire.

Je prends toujours le temps de réfléchir d'abord à ce que le public aimera. Et il y a un certain nombres de morceaux que je sais que les gens connaîtront. Je sais que ce sont des tubes. Si je vais au concert d'un artiste, j'aime généralement entendre ses hits. Et puis, deuxièmement, je choisis des morceaux qui me semblent intéressants – ce ne sont pas forcement des tubes mais je me dis que ça serait bien que gens les entendent. Ainsi nous faisons un mix de tout cela.

Vous ne prévoyez aucune surprise incroyable du style amener Ringo avec vous ou quelque chose du genre ?

Non, je pense qu’il a déjà d’autres engagements.

Et bien la prochaine fois que vous lui parlez, dites lui que nous aimerions l’avoir ici.
Je pense que les gens ici seront familiarisés même avec les morceaux moins connus parce que cela fait plusieurs jours que les radios passent en boucle votre musique.

Vraiment ? Eh bien c’est super. Vous pouvez jamais être certain que l’ensemble du public connaisse toutes vos chansons. Vous devez garder à l’esprit que certains ne connaissent que les principaux hits. Mais vous avez raison, il y a toujours un tas de personnes qui vous disent ‘oh, je suis vraiment heureux vous ayez joué celle là, c’est ma chanson préférée’, alors que c’est une chanson moins connue. Du coup, nous essayons de mettre quelques uns de ces morceaux dans la setlist, juste pour rendre le concert intéressant en entier et pour lui donner un bon équilibre aussi.

Etes vous inquiet suite au menaces que vous avez reçu de la part des Islamistes, vous demandant de ne pas venir jouer ici ?

Vous devez être conscient que n’importe quel grand événement comporte son lot d’inquiétudes. Mais je suis entouré d’une excellente équipe. Et je pense que la plupart des personnes comprennent que je ne fais pas de politique et que mon message est un message de paix. Ainsi j'ai juste la foi en cela et en ce que je fais.

Évidemment vous devez considérer ces choses mais je ne m'inquiète pas. Je veux dire quand je suis allé au Québec, il y avait certain commentaires comme quoi ce n’était pas approprié qu'un type anglais joue dans une ville canadienne francophone. J’essaye simplement d’ignorer ces choses et je pense qu’il y aura toujours une voix dans une foule qui dira cela.

Quand nous sommes allés la première fois au Japon il y avait des gens qui étaient très bouleversés que nous jouions dans le Budokan parce qu'il a eu des connotations sacrées pour elles. (Le Beatles étaient le premier groupe de rock à jouer dans cette arène, en 1966.) Mais je pense que la grande majorité des personnes ne pensent pas comme elles. Ma mission, si j'en ai une, est humanitaire, et concerne toutes les personnes, pas simplement quelques unes.

Si on regarde 40 ans en arrière, vous écriviez des chansons d’amour, de paix et de liberté, repoussant les frontières, est-ce que c’est un monde plus sombre aujourd'hui que ça ne l’était à l’époque ?

Je pense que oui. Il y a certainement des problèmes qui n’existent plus aujourd’hui. Mais en même temps vous devez garder en mémoire que nous avions grandi dans l'ombre de la deuxième guerre mondiale, qui était une époque assez sombre. Donc, tout est relatif.

Nous ne sommes certainement pas autant insouciants que dans les années 60, mais pour bien des raisons c'est une meilleure époque que ce que la deuxième guerre mondiale a pu être, en particulier pour les gens où j'ai vécu, comme Liverpool, qui a connu beaucoup de bombardements. Et mes parents ont grandi avec. Je pense que ça te donne un sens des perspectives.

Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas géniales de nos jours, mais j’ai toujours le sentiment que d’autres le sont. Et j'essaye de me focaliser là dessus en essayant d'encourager les personnes à rechercher et à faire ce qu’il a de meilleur en chacun de nous.

Je pense que vous êtes parvenu à créer cela. Quand les gens pensent à vous et à votre musique, ils pensent qu'elle entoure des perspectives fondamentalement optimistes sur la vie…

Et bien je l’espère, parce que c'est en quelque sorte comme ça que je suis. Évidemment si vous regardez différentes situations difficiles et que vous vous concentrez juste sur celles là, cela vous donne une image assez pessimiste du monde à un moment donné. Il y a des problèmes encore importants partout. Regardez l'Afrique et des endroits comme cela. C'est énormément difficile.

Mais d'autre part, quand vous pensez à des gens comme Bono ou bien les efforts de Bob Geldof et les gens comme Brian Eno et War Child (qui se concentre sur les enfants affectés par la guerre). Il y a un bon nombre de gens qui essayent d’aider. Donc je suis optimiste.

Je pense que la race humaine est une chose assez étonnante. Je pense que l'esprit humain est une grande chose. Ainsi j'ai foi en ce que les choses s’améliorent.

Vous venez à présent dans la partie du monde qui est si centrale aux grandes religions monothéistes. Qu’elles sont vos perspectives ? Quelles sont vos pensées au sujet du cadeau divin de la vie et de l'esprit humain ?

Je ne suis pas tellement religieux car quelqu'un qui aime penser prend le meilleur de chacune des religions, le meilleur de ce qu'elles peuvent apporter. Elles ont évidemment beaucoup de choses en commun. Je me considère toujours comme étant plus spirituel que religieux. Je ne suis pas trop dogmatique au sujet des choses. Mais j'estime que le monde est un endroit magnifique et que nous sommes bénis d’être là. Et je me dis que l'esprit humain est une grande chose.

Ma fille (Mary), par exemple, vient d’avoir un bébé et je vois cela comme miracle. Ce n'est pas un miracle religieux mais c'est toujours un miracle pour moi !

Amen au tout cela.

Ouais (rires), comment tout de cela se produit-il ? Par la plus simple des méthodes vient le plus divin des résultats !

Je me rappelle d'avoir eu exactement le même genre de sentiment quand mes enfants sont nés, et vous savez qu’une telle chose ne pourrait pas survenir par un quelconque processus que vous pouviez comprendre.

Ouais. C’est absolument magique. Je lis un livre à l'heure actuelle qui m’a été envoyé par le Dalai Lama (l'univers dans un unique atome), qui compare une certaine philosophie bouddhiste à la physique moderne du quantum. Il est tout à fait saisissant de voir à quel point la science moderne a des choses en commun avec certaines religions antiques.

Je pense que nous sommes à une étape très intéressante dans le développement humain et j'espère juste le meilleur et je suis optimiste à son sujet.

Je dois vous poser quelques questions de musique : quelles sont vos chansons favorites des Beatles, et des périodes suivantes ainsi que les albums ? Qu’écoutez-vous… ?

J'ai beaucoup de chansons favorites, vraiment. Je peux parler maintenant sans paraître vaniteux au sujet du travail des Beatles. Quand nous écrivions, c’était difficile de dire, ‘tu sais c’est super’ parce que ça aurait paru présomptueux. Mais maintenant que je peux regarder en arrière, je pense qu'il y avait beaucoup de substances vraiment bonnes dedans. J'ai des favorites parmi le travail de John, le travail de George, mon propre travail et les Beatles en général.

Si je dois en sélectionner une, en revenant au sujet de la question précédente, je dirai que pour moi ‘Yesterday’ est une chanson assez spéciale, la raison principale étant qu'elle est arrivée comme par magie parce que j'ai rêvé de la mélodie. Je me suis réveillé un matin et j'ai eu cet air dans la tête et j'ai passé le restant de la semaine à demander autours de moi de quoi il s’agissait mais personne n’a su définir ce que c’était. Du coup j'ai par la suite réalisé que c’était bel et bien à moi, d'une certaine manière, je l’avais écrit. Ainsi j'ai mis quelques textes dessus. Et c'est une chanson très spéciale pour moi.

Il est presque impossible de choisir mes favoris, parce que ça varie. Et, comme je viens de le dire, il y en a tellement que John et George et Ringo ont faites pour lesquelles j'ai une grande affection. Mais des miennes, je choisirai ‘Yesterday’ en raison de la manière dont elle m’est arrivée. Et pour moi, elle m’a donné beaucoup de chance. Plus de 3.000 personnes ont pensé que c’était une bonne chanson pour faire une reprise. Ca été une chanson très spéciale, et je ne sais toujours pas comment je l'ai écrite.

Je dois vous demander de quoi parle ‘Let It Be’ parce que le professeur de ma fille lui a demandé…

C’est également une chanson très spéciale pour moi. Là aussi l'histoire concerne un rêve. Je passais par quelques moments difficiles en tant que jeune type dans les années 60. Il y avait l'abondance des soirées et je suis sûr que j’exagérais vraiment trop...

Mais dans un de mes rêves, ce rêve particulier, ma mère, qui était morte depuis 10 ans, est venu à moi - c'est toujours une grande chose quand vous voyez quelqu'un que vous avez perdu dans un rêve. Et parce qu'elle pourrait voir que je n’allais pas bien, elle m’a dit dans ce rêve : ‘Let It Be’. Du coup, ça m’a inspiré et quand je me suis réveillé j’ai écrit la chanson ‘Let It Be’.

Les chœurs Gospel l’aiment bien en général pour la reprendre. Du fait qu’il y ait les mots ‘Mother Mary’, évidemment beaucoup de personnes pensent à la Vierge Marie. Mais le nom de ma maman était Mary. Quand je dis ‘Mother Mary, je parle de ma maman.
Je me sens vraiment chanceux d’avoir fait ces choses et pour avoir légèrement déconcerté quant à la façon dont elles se sont produites.

Laissez-moi vous interroger au sujet de ‘Maybe I’m Amazed’ Est-ce que c'est une chanson pour laquelle vous vous passionnez, aussi passionné qu’elle puisse paraître lorsque vous la chantez ?

J’ai écrit ‘Maybe I’m Amazed’ quand j'ai rencontré pour la première fois Linda (vers la fin des 60s). J’ai essayé de capturer certains des sentiments qu'elle m’a inspiré, et bien entendu, elle a une place spéciale pour moi.

Paul, merci d’avoir parler au Jerusalem Post et nous vous souhaitons Shalom et rendez-vous en Israël.

Ok (rires). Merci. J'ai une question pour vous : La majeure partie de l'assistance va comprendre l'anglais, ouais ? … Si j'annonce des chansons et que je raconte des anecdotes, pensez vous que les gens vont me comprendre facilement ?

Je pense qu’ils comprendront. Je veux dire que l'accent de Liverpool ne s’entend pas partout, mais c'est un pays qui parle beaucoup l'anglais.

Génial ! Ok. Et bien, Shalom !

Interview réalisée par David Horovitz

Traduction : Marjorie G.