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Paul par Hervé Bourhis

Le dessinateur et scénariste Hervé Bourhis vient de publier Paul, qui raconte la fin des Beatles et le début de la carrière solo de McCartney et de son groupe Wings. Pour Maccaclub, il revient sur ce projet enthousiasmant.

Bonjour Hervé. Comment êtes-vous tombé dans l’univers des Beatles alors que vous êtes né en pleine période Wings ?
Par le livre, à 14 ans. À la maison, personne n’écoutait les Beatles. On m’a offert le petit livre carré de Jacques Volcouve en 1988 (édition France Loisirs !) et j’ai adoré l’histoire, les photos. J’ai connu le détail de chaque album, chaque chanson avant de les écouter ! Je m’y suis mis progressivement, en cassettes, dans mon walkman. D’abord Sgt. Pepper’s, puis Magical Mystery Tour, puis Abbey Road, puis les Past Masters, etc.
C’est très vite devenu une obsession. J’habitais Tours, et à 16 ans j’allais en train à Paris acheter des « Beatles Book Monthly » chez les disquaires de collection…
J’ai découvert les Wings par Wild Life, un peu après. Un vinyle pas cher chez un brocanteur. J’ai hésité à cause de la pochette, que je ne trouvais pas très excitante… Mais dès que j’ai entendu « Mumbo », j’ai su que c’était un super album !

Vous aviez déjà publié Le Petit Livre des Beatles en 2019. Était-ce agréable de rendre hommage à l’un de vos groupes favoris ?
La première version est même de 2010. Oui, bien sûr, j’ai été un an en immersion totale, à l’époque, c’était génial, et surtout ça me donnait une raison d’acheter de la documentation, c’est-à-dire des disques et des livres que je n’avais pas. Le livre a bien marché, a été traduit dans 9 langues, donc c’est forcément un super souvenir !

Vous récidivez donc avec Paul, qui retrace le parcours de McCartney de la fin de l’enregistrement de Abbey Road à la rencontre avec John Lennon au printemps 1974. Vous racontez ce musicien qui repart presque de zéro. C’est ce qui vous a intéressé ?
Oui, il y a beaucoup de raisons à cela. D’abord, il avait raison contre tout le monde.

  • Contre les fans de rock qui le trouvaient ringard, dans sa musique et son mode de vie (que tout le monde trouve cool aujourd’hui !)
  • Contre les trois autres Beatles au sujet d’Allen Klein
  • Et effectivement, cette histoire de faire un petit groupe avec des musiciens inconnus, louer un van et partir faire une tournée des clubs étudiants en plein mois de février, c’est incroyable !
    Et puis sa renaissance difficile après sa dépression, j’ai dû m’identifier, ayant eu un infarctus il y a trois ans…
    C’est une histoire qui est peu connue, je m’en rends bien compte vu le nombre de messages que je reçois de gens qui découvrent cet épisode.

Le récit est très précis, sans puiser dans la fiction et en accentuant quelques anecdotes marquantes. Vous maîtrisez bien le sujet.
Merci, il doit y avoir des erreurs, mais globalement je fais très attention à la véracité des faits et des images. Je suis par exemple allé chercher sur les forums d’anciens étudiants des universités où les Wings sont passés en 72, pour trouver des photos des locaux, des concerts. À quoi ressemblait cette autoroute vers le nord-est de l’Angleterre, les panneaux de signalisation… Mais aussi le fameux studio EMI de Lagos, la villa de Malibu à la fin, la cuisine de Cavendish, etc. Des choses visuelles qui ne sont forcément pas dans les biographies de McCartney où il y a peu d’images.

Les dessins s’appuient souvent sur des clichés d’époque. Était-ce important pour vous ?
Oui, je suis maniaque sur le sujet, alors même si je n’ai pas un dessin hyperréaliste, ça doit être crédible.

Quel est votre Beatle préféré et le plus facile à dessiner ?
Préféré, c’est sans doute Paul, mais c’est le plus difficile à dessiner. Je peux faire John les yeux fermés, mais pas de bol, ce n’était pas le sujet de mon livre !

Vous êtes dessinateur et scénariste. Quelle tâche préférez-vous entre les deux ?
Eh bien, l’entre-deux, figurez-vous. Entre le scénario écrit et la planche de BD, il y a l’étape du storyboard, où tout se cristallise. C’est ce que je préfère, parce que la structure du livre devient concrète. La suite, c’est vraiment un long processus de mise au propre sur storyboard !

Peut-on s’attendre à une suite ou à une série de volumes retraçant la carrière de McCartney ?
Non, parce que selon moi, après les Beatles, j’ai raconté dans ce livre la période héroïque de Paul.
Après, c’est une succession d’albums, de tournées, de vacances, de succès, ça me semble moins épique. Je me vois mal raconter l’enregistrement de Press to Play… Mais raconter des moments-clés des trois autres, pourquoi pas ? C’est trop tôt, je dois d’abord digérer celui-ci.

Avez-vous envie d’explorer la carrière des autres Beatles en solo ?
Je ne sais pas encore. Par contre, avec Julien Solé, on a raconté une uchronie Beatles dans Retour à Liverpool (Futuropolis), dans lequel on imagine une reformation du groupe en 1980.

Vous avez publié des BD sur d’autres styles musicaux : Black Music, French Pop ou le rock en général. C’est ce qui vous intéresse le plus ?
Je parle souvent de musique, c’est ma passion, et je suis DJ aussi, en parallèle (ça fait vivre ma collection de disques !). Mais mes livres ne parlent pas que de ça. J’ai fait de la BD jeunesse, de la fiction, du polar. J’aime bien explorer tout un tas d’univers. Mais c’est vrai que la musique n’est jamais loin dans mes livres.

Avez-vous des projets pour la suite ?
Oui, bien sûr. Par exemple, le tome 3 d’American Parano sort le 6 juin. C’est avec Lucas Varela, chez Dupuis, et c’est un polar qui se déroule à New York en 1968.

Un grand merci à Hervé Bourhis pour cette interview.

Propos recueillis par Dominique Grandfils

Une réponse sur « Paul par Hervé Bourhis »

Je partage tout à fait ce qu’a dit l’auteur à propos du parcours de Paul. Toutes ces années, j’ai trouvé parfaitement odieux toutes les familiarités déplacées de la presse envers lui alors que John était hissé sur un piédestal. À l’écoute de Ram, j’avais compris qui était le vrai génie des Beatles. Comme quoi, les modes…

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