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La magie Get Back

Le documentaire Get Back est enfin disponible sur Disney +, au grand désespoir de tous les fans qui ne peuvent accéder à cette plateforme (on peut cependant le trouver sur des sites de partage). Le réalisateur Peter Jackson a consacré quatre ans de sa vie pour visionner les soixante heures de rushes et cent-cinquante d’enregistrements audio. Il nous en restitue trois épisodes exceptionnels de qualité et d’émotion.

Après un résumé de la carrière des Beatles, le film débute par un plan d’un grand studio vide de Twickenham. Nous sommes le mardi 2 janvier 1969, Mal Evans commence à installer le matériel avec son équipe. Puis George, John et Ringo se retrouvent et se souhaitent une bonne année. Paul les rejoint sous l’œil de Shyamsinder Das, jeune bouddhiste assis dans un coin du studio et de l’inévitable Yoko Ono.

On a prévu deux concerts les 19 et 20 janvier dans le studio qui accueillerait du public. Le challenge consiste à écrire quatorze chansons inédites pour l’occasion. Mais très vite, Harrison constate que l’acoustique du lieu est déplorable. Le réalisateur Michael Lindsay-Hogg propose alors de déplacer les concerts en extérieur, et pourquoi pas en Lybie, dans un théâtre romain ? Tout cela semble bien confus et incertain. Quel plaisir d’entendre les chansons prendre forme ou se créer comme « Get Back » qui nait d’un riff de basse Höfner sous nos yeux. Et que dire de ces moments de détente quand les quatre jouent des reprises dans la bonne humeur. Mention spéciale à John qui maîtrise le thème du film « Le Troisième Homme » composé par Anton Karas. On est frappé, mais pas surpris, par la complicité entre Lennon et McCartney. Certes, les deux hommes ne composent plus ensemble, mais ils se cherchent en permanence pour solliciter le petit détail qui va tout changer. Une véritable équipe de songwriters comme le soulignera George Martin plus tard dans ce premier épisode. George Harrison se sent plus à l’écart et la frustration gagne du terrain. Elle éclate au détour d’une discussion autour d’un morceau. Paul lui fait remarquer qu’il ne cherche qu’à l’aider mais qu’il a l’impression de l’ennuyer. George rétorque qu’il ne l’ennuie plus du tout. Macca essaye de se détourner des caméras et micros pour exprimer sa peur de jouer les chefs et tente encore de dédramatiser la situation. Harrison finit par lui dire qu’il jouera tout ce qu’il veut ou qu’il ne jouera pas s’il Paul ne le désire pas. Cette scène figurait sur le film « Let It Be », mais ici, nous découvrons la suite de la conversation avec encore une fois Macca qui cherche à désamorcer la bombe qui couve.

Le 9 janvier, Linda Eastman accompagne Paul pour prendre quelques photos. Elle a 27 ans et est belle comme un cœur. McCartney improvise les premières bribes de « Another Day » et de « Golden Slumbers ». Il cherche les paroles de « The Long And Winding Road » et bénéficie de l’aide de Mal Evans qui lui suggère quelques mots qui seront conservés, ou pas. On retrouve le bon Mal qui a récupéré un marteau et une enclume pour accompagner le groupe sur « Maxwell’s Silver Hammer ».

Le matin du septième jour de répétition, après une énième version de « Two Of Us », George lâche «  Je pense que je quitte le groupe maintenant. ». Il suggère à John et Mal Evans d’écrire au NME pour trouver un remplaçant et s’en va avant la pause déjeuner. Pour Lennon, le remplaçant pourrait être Eric Clapton.  Réduit à un trio, les Beatles continuent à répéter et laisse Yoko Ono pousser des cris dans le micro. Mais à la fin de la journée, ils s’accordent pour tenter de convaincre Harrison de revenir. Ainsi s’achève le premier épisode.

Au début du second volet, George n’est pas revenu et Paul exprime clairement au cours d’une discussion avec Ringo, Linda, le réalisateur, Neil Aspinall et Mal Evans que la présence de Yoko Ono a clairement changé l’atmosphère dans le groupe et a modifié la proximité de ses membres. On le sent très affecté par l’éventualité d’une rupture des Beatles. S’en suit une conversation à la cafétéria entre John et Paul enregistrée à leur insu. Lennon reproche à McCartney son ton trop dirigiste des derniers mois et sa façon d’imposer ses arrangements sur les chansons.

Le 15 janvier, les Beatles se retrouvent chez George et décident de donner une autre direction au projet. Les concerts pour la télévision sont abandonnés. Et les répétitions sont déplacées dans le nouveau studio installé dans les locaux d’Apple à Saville Row. Quand Glyn Johns et George Harrison découvre le matériel bricolé par Magic Alex, ils sont très inquiets. Beaucoup trop de distorsion et de sifflements. George Martin est appelé à la rescousse pour fournir un équipement décent.

Plus à l’aise dans leurs locaux, les Beatles travaillent dans la bonne humeur. Plus particulièrement John qui déstructure « Don’t Let Me Down » et fait des grimaces à la caméra. Billy Preston passe à l’improviste pour dire bonjour et se retrouve embauché pour jouer des claviers. Il va illuminer les sessions par son sourire, son talent et devenir un cinquième Beatle. On assiste ensuite à l’incroyable finalisation du morceau « Get Back ». Un vrai travail d’équipe avec un George motivé. Puis, on abandonne la basse pour « Two Of Us » et on opte pour des guitares acoustiques afin d’atteindre le résultat final.

Le projet d’un concert en public devient quasiment impossible à planifier en quelques jours. Ce sont Michael Lindsay-Hog et Glyn Johns qui vont suggérer l’idée de jouer sur le toit de l’immeuble Apple. A la fin de ce second volet, on assiste à la naissance de « Let It Be » déjà bien structuré dans l’esprit de Paul.

Au début du troisième épisode, George aide Ringo à compléter « Octopus’s Garden » sous l’œil de George Martin. Heather, la fille de Linda vient mettre un peu plus de gaité dans le studio. Surtout quand elle pousse des cris dans le micro comme Tante Yoko. Il reste trois jours avant que les Beatles ne se produisent sur le toit de leur immeuble. Harrison travaille sur « Old Brown Shoe » avec Billy Preston, McCartney et Starkey. John délire pas mal sur « Get Back » avant que Paul lui rappelle que le temps c’est de l’argent. La finalisation du morceau n’est pas évidente, mais l’une des prises figurera sur l’album. La météo vient contrarier la production qui repousse le concert au 30 janvier.

Alors que Paul s’est absenté pour un rendez-vous, John parle d’Allen Klein à Ringo et George. On le sent fasciné par ce manager qui vient pourtant de se faire remercier par les Rolling Stones. Bien qu’ayant passablement bu une bonne quantité de vin blanc, les Beatles et Billy Preston parviennent à reproduire la prise de « Don’t Let Me Down » qui figurera en face B du 45 tours « Get Back ». En fin de journée, ce 27 janvier 1969, le groupe rencontre Allen Klein. A deux jours du concert, on retrouve les musiciens en plein doute avec l’impression de n’avoir aucune chanson réellement terminée.

Le 30 janvier, 21ème jour de tournage, les caméras sont installés sur le toit et sur les immeubles voisins, mais les Beatles ne sont pas encore décidés à jouer. Ils se réunissent pour en parler. Finalement, ils  acceptent et commencent à jouer « Get Back » dans le froid londonien. Alors que les gens commencent à s’agglutiner dans les rues et que les plus audacieux ont tenté de prendre de la hauteur, une seconde prise de « Get Back » est captée. Deux policiers ne tardent pas à entrer dans l’immeuble après une trentaine de signalements pour tapage. Mal Evans tente de gagner du temps pour permettre l’interprétation de « Dig A Pony » qui figurera sur l’album. Le plaisir dure avec ‘I’ve Got A Feeling » alors que les passants sont de plus en plus nombreux quelques mètres plus bas et que les policiers finissent par être autorisés à monter vers le toit pour voir le groupe entonner « Don’t Let Me Down ». Les Bobbies n’osent pas interrompre les musiciens et parlementent avec Mal.  Une dernière version de « Get Back » est perturbée par la situation et quelques fausses notes. Paul improvise des paroles qui évoquent le fait de jouer et de se faire arrêter. Quel bonheur de voir tout le monde réuni pour réécouter les chansons. Ça transpire d’harmonie. L’histoire s’achève le 31 janvier 1969 avec quelques prises supplémentaires dont celle de « Two Of Us » et « Let It Be » qui figureront sur l’album.

Get Back reste disponible sur Disney + avant une sortie en DVD/Blueray avec quelques heures supplémentaires en bonus.

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