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Paul McCartney à la Paris La Défense Arena : Un Concert Rafraîchissant.

Paul McCartney à la Paris La Défense Arena – Stéphane de Sakutin pour l’AFP News Agency.

Après les Rolling Stones à l’automne dernier, Roger Waters cet été et de nombreux événements en tous genres, la Paris La Défense Arena qui comme son nom l’indique se trouve à Nanterre accueillait Paul McCartney. Le fringuant jeune talent de 76 ans passait par la France dans le cadre de sa tournée Freshen Up. La plus grande salle couverte, modulable et polyvalente d’Europe – 40 000 spectateurs en configuration spectacle, ndlr – a été le théâtre d’une soirée haute en couleurs et forte en émotions. Ce n’est pas tous les jours qu’un quart des Beatles se déplace à Paris…

 

C’est peu après 19h30 que l’excitation intergénérationnelle commence à monter dans les travées de l’arène. Sur fond de morceaux des Beatles, des Wings et de Paul McCartney en solo, les gens se saluent, se retrouvent comme des anciens camarades de classe. Aller voir ou retourner voir Paul McCartney en concert réserve toujours son lot de sympathiques rencontres entre membres de clubs de fans ou entre inconnu(e)s. De Simple amatrice/teur à passionné(e) acharné(e), les sujets fusent : « Tu l’as vu combien de fois en concert ? », « Tu penses qu’il va enfin jouer tel ou tel morceau ? » … Les débats et les paris sur la setlist vont bon train. La chanson « Venus and Mars » sur l’album du même nom (1975) est semble-t-il le titre qui résume le mieux cette atmosphère : « Sitting in the stand of the sports arena waiting for the show to begin ». Le DJ Chris Holmes assure la montée en puissance avec son légendaire mix qui propose des versions alternatives des chansons de Paul avec les Beatles, les Wings et en solo. L’ambiance est à la fête. Elle a d’ailleurs commencé quelques heures plus tôt pour certain(e)s privilégié(e)s qui ont pu assister aux répétitions. Veinard(e)s – nous mettrons en bonus la liste des chansons interprétées lors du soundcheck en fin d’article, ndlr -.
C’est peu après 20h20 que les lumières s’éteignent. Paul ouvre la marche devant son groupe qui l’accompagne depuis plus de 15 ans. Les gens exultent, les plus fervents d’entre eux foncent vers la barrière. Tout le monde le salue, y va de sa pensée émue, de son expression parfois béate, parfois donnant l’air de ne pas y croire : il est là ! Sir Paul McCartney est dans la place. Tout se bouscule. Le premier accord retentit. C’est un sol. Le fameux accord de « A Hard Day’s Night » !

Paul McCartney et ses musiciens à la Paris La Défense Arena – Stéphane de Sakutin pour l’AFP News Agency.

Tout semble en bonne place. Pour ce qui est du son notamment et considérant tout de même le caractère subjectif de l’appréciation de ce dernier, il semble tout de même que ce qui avait fait grincer des dents a été globalement très bien corrigé. À l’ouverture de la salle en octobre 2017, de nombreuses plaintes avaient émané de la part des personnes ayant assisté à certains concerts. La salle, le public via les réseaux sociaux, les équipes techniques et les ingénieurs du son se renvoyant la balle à coups de « C’est la conception qui est mauvaise », « c’est la faute des techniciens », etc. Durant le concert, le rendu nous a semblé très net, clair. Nous pouvons nous questionner sur la nouvelle législation plus stricte en matière de gestion des niveaux sonores dans les lieux diffusant de la musique. Appliquée depuis le 1er octobre 2018, elle joue probablement aussi sur ce résultat avec un son moins fort et du coup probablement « moins immersif » diront les puristes. Mais de ce fait, peut-être que les mélodies sont moins sujettes à des distorsions ou autres échos désagréables. C’est en tout une piste de réflexion et les échanges autour de cette législation ne font que commencer. Considérations techniques prises en compte, revenons à ce concert qui a visiblement démarré de façon formidable avec ce groupe soutenant au centre un patron en la personne de Paul qui arrange et dirige avec toujours autant d’aisance et d’élégance. Une facilité déconcertante qui nous surprend toujours et un physique qui nous laisse pantois : 76 ans, enfin quelques cheveux blancs assumés, une taille de pantalon probablement similaire à celle d’un trentenaire dynamique. Quelle santé. Son secret ? Nous sommes en droit de penser que le végétarisme a son rôle à jouer. Le reste. Mystère.
Paul régale aussi avec une jovialité communicative. Ses efforts pour parler en français sont touchants et respectueux. Nous sentons qu’il vient pour nous et il le fait dignement. Toujours un plaisir de l’entendre parler la langue de Molière pour évoquer des souvenirs ainsi que pour balancer quelques messages humoristiques. Encore un qui, à l’image de certain(e)s donne envie de vieillir si tenter que c’est ça de vieillir. Quelle vie. Il est au travail comme nous sommes en réunion dans nos activités professionnelles. C’est une façon de fonctionner. La retraite ? Elle ne semble pas d’actualité dans l’esprit de l’ex-membre des Beatles qui est actif depuis ses 13/14 ans et cette première chanson écrite à la guitare, seul ; chez lui : « I Lost My Little Girl ». Aussi, il y a la voix. Cette voix qui faiblit par moments. C’est la vie. Tout simplement. Si à 76 ans, cela n’arrivait pas. Ça serait contre nature. Il parvient tout de même à chanter les chansons dans les tonalités d’origine et s’attaque encore seul à la guitare à des morceaux où il est sans filet comme c’est le cas sur « Here Today ». Il y a évidemment eu quelques accros comme pendant « Maybe I’m Amazed » mais peut-on vraiment le blâmer pour ces quelques notes qui ne sont pas venues, comme coincées, retenues ? Pas sûr. C’est quand même McCartney…

Paul McCartney à la Paris La Défense Arena – Dominique Grandfils.

Le groupe déroule, allant des Beatles aux Wings, des Wings aux Beatles et parcourant les années solo de Paul McCartney. Macca alterne entre la guitare, la basse, le piano… Toujours aussi multitâche. « All My Loving » surgit et précède un « Letting Go » agrémenté d’une section cuivres d’une chaleur et d’une puissance assez inédite depuis quelques années. Un moment inimaginable. La suite est une somme de classiques et de surprises formidables. L’album Egypt Station, dernier opus en date de Macca n’est pas en reste avec trois chansons interprétées durant le concert : « Who Cares », « Come On To Me » et « Fuh You ». Trois singles en forme de tubes aux textes ciselés, adaptés à sa tessiture et aux mélodies accrocheuses. Parmi les chapitres de ce concert, nous avons eu droit comme c’est la tradition depuis quelque temps à une partie acoustique avec des reprises de certaines chansons issues de ses débuts comme « Love Me Do » ou « In Spite Of All The Danger ». Notons parmi les chansons des Wings la présence dans la setlist du toujours épique « Nineteen Hundred And Eighty-Five » ainsi que de « Let ‘Em In ». Saluons particulièrement le choix de ce single millésime 1976. Macca en propose une nouvelle lecture avec ces fameux cuivres. Bien entendu, la séquence émotion était aussi prévue avec « Blackbird », une chanson « sur les droits civiques » comme l’explique McCartney. « Here Today », paru sur Tug Of War (1982), titre en hommage et « en forme de conversation entre John et lui » continue sur ce registre. Poignant. Dans les classiques des soirées avec Paulo, il y a aussi le bloc de feu avec son crescendo infernal : « Band On The Run », « Back In The U.S.S.R. », « Let It Be » ainsi que l’explosif et dantesque « Live And Let Die » qui réveille définitivement la salle avec ses pyrotechnies habituelles et l’épilation gratuite des sourcils pour les personnes situées dans les premiers rangs. Un enchaînement qui est d’ailleurs souvent à l’origine de nombreuses extinctions de voix dans l’assistance.

De notre côté, nous pensons à quelques mentions spéciales telles que le retour de « Queenie Eye », pétillante chanson issue de New (2013) ou bien encore « Got To Get You Into My Life » qui a pris une dimension encore plus mythique que jamais, une fois de plus grâce à un nouvel arrangement avec de « vrais » cuivres. D’autres grands moments de ce concert parisien sont à signaler. « Junior’s Farm », « I’ve Got A Feeling » et cette descente à l’énergie Métal ahurissante, avançant en mode rouleau compresseur, « My Valentine » et son magnifique solo exécuté d’une main de maître par Rusty Anderson à la guitare classique adressée à la compagne de Paul, Nancy. Mais aussi cette bonne vieille Madame Madonna suivie de près par une certaine « Eleanor Rigby » et le sublime « Something ». Ce dernier moment, toujours parmi le top trois des grands instants d’émotion lors des concerts de McCartney ; était l’occasion de rendre hommage à George Harrison, son « frérot » décédé le 29 novembre 2001. Une certaine idée de la plénitude.

Paul McCartney à la Paris La Défense Arena – Dominique Grandfils.

En outre, quel plaisir d’entendre à nouveau « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (Reprise) » et ce démentiel « Helter Skelter » qui donne encore et toujours le tournis à celle ou celui qui monte à bord du manège… Les jambes flagellent encore. Terminons enfin ce survol des quelques 38 chansons du concert (setlist en fin d’article) par le medley indispensable pour terminer la soirée : « Golden Slumbers »/« Carry That Weight »/« The End » et sa fameuse phrase finale, universelle, prophétique ; définitive que nous ne manquons pas de vous rappeler une fois de plus sur nos pages tant ce moment est un de ceux qui donnent des raisons de rester sur cette planète : « And in the end, the love you take, is equal to the love you make ». Inutile aussi de rappeler peut-être que c’est la dernière phrase de la dernière chanson du dernier album enregistré par les Beatles. Pourquoi est-ce que c’est si parfait ? En tout cas, difficile de faire plus ultime.

Nous arrivons au bout du voyage. Près de 2h40 de show qui nous ont paru durer 10 minutes tant tout était dense et exécuté avec une superbe cohésion. Nous avons été toutes et tous touché(e)s par la valeur de ces chansons ancrées à jamais dans la culture populaire et dans l’ADN des gens. Les plus fans seront peut-être pinailleurs sur certains éléments : pas de « Yesterday », pas de gens invités à passer un instant avec lui sur scène, un concert un peu plus court que d’habitude, un seul rappel au lieu de deux… Qu’importe. L’ensemble a été une fois de plus maîtrisé de main de maître de la part de Paul. Ce sont aussi ces changements, ces ajouts ou ces suppressions qui ont participé à un renouveau et à ce rafraîchissement promis par l’intitulé même de la tournée : Freshen Up. Paul nous accompagne depuis si longtemps. Il est comme un ami, un membre de la famille dans laquelle il faut faire des zig-zags, prendre des décisions. Il a remis une pièce dans la machine avec cette nouvelle tournée et montre encore une fois qu’il a beaucoup d’avance sur son temps. Ce dernier ne semble d’ailleurs pas avoir beaucoup d’emprise sur son talent et sa personne. Avec Egypt Station, il a pu repartir tranquille sur les routes du monde entier. Il enchaîne à un rythme qui fait mouche : Un jour à Paris, deux jours après à Copenhague… Et ainsi de suite, de ville en ville. Cela tient de la recette miracle dans laquelle certains des ingrédients sont forcément la discipline, la passion, le sérieux et la persévérance. Pour tenter de mieux synthétiser cet esprit, nous laissons les mots de la fin à notre hôte qui s’exprime ainsi dans le programme de la tournée :

« En pensant à cette tournée, je me demandais ce que nous essayions de réaliser. […] Au moment où nous sommes prêts à jouer pour vous, il a fallu beaucoup de sueur pour le préparer. Nous sommes prêts. Vous et nous, ensemble, faisons bouger la baraque ! » – Paul McCartney.

Et comme dit Paul : « Je vous kiffe. À la prochaine ! ». Nous répondons : « Nous t’aimons. Passe quand tu veux, nous serons là ».

 

Soundcheck
Jam
Honey Don’t
Coming Up
Day Tripper
C Moon
I Don’t Know
It’s So Easy
Every Night
Ram On
Midnight Special
It’s Time For My Massage
Lady Madonna

 

Concert

A Hard Day’s Night
Junior’s Farm
All My Loving
Letting Go
Who Cares
Got To Get You Into My Life
Come On To Me
Let Me Roll It + Foxy Lady » Jam
I’ve Got a Feeling
Let ‘Em In
My Valentine
Nineteen Hundred and Eighty-Five
Maybe I’m Amazed
I’ve Just Seen A Face
In Spite Of All the Danger
From Me To You
Michelle
Love Me Do
Blackbird
Here Today
Queenie Eye
Lady Madonna
Eleanor Rigby
Fuh You
Being for the Benefit of Mr. Kite!
Something
Ob-La-Di, Ob-La-Da
Band on the Run
Back in the U.S.S.R.
Let It Be
Live and Let Die
Hey Jude

Rappel :
Birthday
Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (Reprise)
Helter Skelter
Golden Slumbers/Carry That Weight/The End

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Egypt Station : le voyage pharaonique de Paul McCartney.

Nous l’avions quitté avec NEW en 2013. Jamais vraiment absent grâce à ses activités médiatiques et scéniques, le plus grand compositeur de musique populaire de l’histoire est de retour du haut de ses 76 ans. « Macca », cheveux grisonnants désormais assumés propose un album d’une modernité déconcertante et prouve qu’il est toujours un garçon dans le vent.

Il aura fallu 5 ans d’attente – la plus longue entre deux disques de Paul, Ndlr – pour découvrir Egypt Station. L’album est produit par Greg Kurstin (Beck, Foo Fighters, Adele…) à l’exception du troisième et dernier single en date « Fuh You » qui a été chapeauté par Ryan Tedder (membre du groupe OneRepublic). Paul McCartney a co-produit l’ensemble. Enregistré avec une quantité faramineuse de musiciens en plus de ceux habituels, ce disque a été façonné entre Sao Paulo, Los Angeles ou bien encore en Angleterre. L’album est comme souvent, décliné en plusieurs éditions dont une dite « target » sur laquelle on trouve 2 titres exclusifs et inédits.

L’opus est physiquement un très bel objet. La pochette est une peinture signée Paul lui-même. Il l’a réalisée à la fin des 80. En vinyle ou en CD, le travail de recherche est remarquable.

Le voyage en Égypte s’ouvre par « Opening Station » sorte de montage sonore qui fait penser au début de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Dans les faits, nous trouvons deux titres en forme d’interludes sur ce disque. « Station II », second spécimen du genre est placé à la fin de l’album. La véritable première chanson originale est « I Don’t Know » que nous avions découverte il y a quelques semaines. Forte ballade au piano comme seul Paul sait les faire, le titre très proche de « Only Love Remains » ou bien plus récemment de « Come Home » en 2009 aurait pu figurer plutôt vers la fin de ce voyage. McCartney y aborde le thème de la réflexion pendant une période difficile avec des changements de tonalités formidables et une rythmique marquée entre un tambourin enjoué et une lourde frappe de batterie. Pour ce qui est des ballades, les amateurs du genre n’auront finalement que peu de représentants pour les contenter. Nous aurions pu penser que conscient du vieillissement de sa voix, l’ex-membre des Beatles aurait peut-être calmé le jeu. Pourtant, seules trois ou quatre autres chansons ramènent l’ensemble très catchy à une certaine quiétude. « Confidante » est un hymne aux guitares qui sont parfois des amies ou des confidentes. Une déclaration d’amour à ces instruments en chanson. « Hand In Hand » a été composée tard la nuit sur le piano de son père et raconte la simple relation entre Nancy et lui, avançant dans la vie… Main dans la main. « Happy With You » est peut-être un des meilleurs exemples de la capacité de composition encore intacte dont fait preuve Paul. Une bonne chanson n’est pas forcément ridicule si elle est positive selon lui. C’est sa recette qui fonctionne depuis plus de 60 ans : une guitare, une façon de jouer particulière et un thème qui donne envie d’aller plus loin, de progresser. « Happy With You » évoque le fait d’être plus organisé dans sa vie en quelque sorte.

Revenons un peu en arrière avec « Come On To Me » : premier single au style très direct qui mêle des variations légèrement orientales à une imposante section cuivres. Les thèmes abordés sont l’échange et les conversations. S’en suivent alors « Who Cares » et « Fuh You ». Le premier a été joué durant un des derniers événements privés organisés par Macca et ses musiciens. Paul ressort les guitares pour un morceau très brut à l’énergie taillée pour la scène. « Who Cares » propose de prendre les événements avec beaucoup de distance, de faire face aux discours et aux jugements avec détachement. « Fuh You » est une trouvaille de studio avec Ryan Tedder et sonne typiquement comme un morceau de OneRepublic. Logique. Cette chanson qui semble très différente des autres de l’album n’est pas forcément mauvaise ou bonne. Elle est hors contexte en réalité et représente à la fois du nouveau par rapport à ce qui se fait généralement dans le monde de la musique actuellement et du nouveau par rapport à ce que fait Paul en temps normal. Pour le titre, nous vous laissons librement interpréter le message codé que Paul envoie ici… C’est assurément un des brûlots de l’album qui fait le plus parler depuis sa révélation. Pour revenir à du Paul plus normal, il faut partir en Israël avec « People Want Peace » qui a été écrite à la suite d’une rencontre avec des habitants de ce pays et avec lesquels Paul pu échanger. Les habitants lui ayant parlé de la vie sur place et de leur simple envie d’élever leurs familles et de vivre en paix malgré les conflits.
« Dominoes » est le dixième morceau du disque et à ce stade, nous pensons déjà que nous avons le privilège d’assister à quelque chose d’inédit. L’ensemble est une alternance de sons et de genres qui rendent l’écoute assez aisée. L’auditeur se laisse porter facilement et cela permet agréablement de savourer les titres. Cette dixième piste s’inscrit dans du classique McCartney. Le genre qui sera qualifié de « bon morceau à la Macca » dans 10 ans. C’est une petite merveille de symbolique ou comment une si petite action peut avoir une si grande conséquence dans la vie. Comme des dominos que l’on aligne et que l’on pousse et dont McCartney s’est inspiré pour l’écriture de ce titre.
Après cet interlude plus traditionnel débute une partie bien plus expérimentale de Egypt Station. Avec une progression harmonique et un pré-refrain aussi savoureux que surprenant « Back In Brazil » enregistré au… Brésil casse les codes. En prime, un solo de duduk de pur génie. Une des clés de l’opus.

Passé cette escale brésilienne de très bon goût, nous découvrons « Do It Now » qui de façon simple reprend une des expressions favorites du père de Paul. Cette phrase qu’il répétait souvent selon ses dires signifie qu’il ne faut pas attendre pour se lancer, qu’il faut saisir une opportunité au vol quand il en est encore temps. À y réfléchir, il semblerait que Paul ait bien retenu cette maxime pour sa carrière. Venons-en à « Caesar Rock » qui semble être selon Macca un accident de studio issu de ces moments où les musiciens entrent dans la pièce et ne savent pas vraiment ce qu’ils vont jouer, faire ou inventer. Le hasard a sa place… Et il fait bien les choses. Quoi qu’il en soit et c’est le cas sur cette dernière partie du disque qui se veut plus moderne, Paul a déclaré en interview utiliser plus d’instruments issus de la musique assistée par ordinateur. En fait, c’est l’alternance des instruments traditionnels sur l’album tels que son Fender Rhodes ou sa bonne vieille guitare Gibson Les Paul et des auto tune ou autres drum machines qui permet un rendu très novateur. En tout cas, très exceptionnel dans la façon de travailler pour McCartney plutôt habitué à de l’analogique. C’est fortement repérable sur « Caesar Rock » où Paul parle d’utiliser de l’auto tune. Technique qui l’aurait apprise avec Kanye West. Avec Dylan, il apprenait certaines astuces de jeu à la guitare il y a quelques décennies ; avec West, il découvre l’auto tune au 21ème Siècle. Deux salles, deux ambiances…
Nous approchons de la fin de ce séjour autour du monde musical mais il nous faut sortir indemne de ce qui va suivre : « Despite Repeated Warnings » est d’après nous un des meilleurs morceaux de ce nouvel album. Un monstre de 6 minutes 57 secondes durant lesquelles l’auditeur est en mode essorage… Cela commence comme une ballade au piano avec une descente en la majeur. Les chœurs (enregistrés par Macca) sont filtrés, mais cela ne choque pas. Puis le morceau change de rythme et d’atmosphère avec une transition qui rappelle « A Day In The Life ». Le tempo se fait plus rapide pour une ambiance totalement différente avec la présence appuyée de guitares. Puis Paul revient au thème du début avec plus d’orchestration. Sans aucun doute, le titre le plus surprenant et audacieux. Les symboles évoqués vont aussi de paire avec cette overdose de mélodies : politiciens, climatoscepticisme, avertissements et situations dont personne ne s’émeut vraiment… Le titre littéralement « En dépit d’avertissements répétés », inspiré d’une phrase lue par Paul dans un article lors d’un déplacement à Tokyo en dit long sur le caractère hautement dénonciateur de la chanson. Le texte compare la planète et la plupart de ses dirigeants à un gros paquebot piloté par un capitaine qui aurait perdu la raison. Aussi, il appelle à l’action pour éviter d’aller dans le mur à grand renfort de « Yes, we can do it! ». C’est LE morceau le plus terrible de l’album sans équivalent possible. « Station II » permet un moment d’accalmie nécessaire. L’album marque un nouvel arrêt dans une grande gare et très vite, à peine le temps de reprendre nos esprits, que nous entendons déjà le son d’une guitare jouée par un musicien de rue. Cette transition nous amène à un medley de trois chansons. Coutumier du genre puisqu’il a en partie inventé le medley avec ses compères en 1969 sur Abbey Road, les pièces finales en plusieurs actes reviennent souvent dans la discographie de McCartney. Dans l’ordre « Hunt You Down », « Naked » et « C-Link » viennent clôturer les 57 minutes 30 secondes d’Egypt Station avec une progression à l’image de ce disque puisque nous démarrons sur les bases d’un Rock binaire avant de glisser sûrement vers du Blues. C’est aussi un labyrinthe rythmique qui se termine sur un long solo de Paul à la guitare rappelant « Momma Miss America » dans McCartney I. Il semble libre comme le musicien de rue qui vient jouer dans cette gare et dont nous parlions précédemment.

Malgré le temps qui file, nous nous étonnons toujours de voir à quel point il est un privilège que de vivre à la même époque que Paul McCartney. Ce nouvel opus d’une audace et d’une variété quasiment inédite dans la carrière du compositeur est un mélange savoureux de tous les styles musicaux. Sans imiter, Paul, ses musiciens et une floppée d’invités proposent une cartographie cohérente du monde avec ses sonorités, ses idées et ses figures. Des gens qui avancent main dans la main, d’autres qui veulent la paix tandis que d’autres ne savent pas gérer leurs frustrations. Idéologiquement, ce disque pose les bases d’une réflexion sur les actes que nous entreprenons. Musicalement, nous sommes face à des morceaux qui pourraient en dérouter plus d’un comme c’est déjà le cas avec ce fameux « Fuh You » qui n’a pas fini de faire parler les auditeurs. Tout dans ce nouveau disque est remarquablement produit. Vraiment. La patte de Greg Kurstin est excellente. Les idées de Paul ont germé en toute liberté. Cette liberté est un fil d’Ariane de l’écoute. Les morceaux s’enchaînent avec beaucoup de naturel. Pourtant, à chaque nouvelle piste, le lot de richesses et de trouvailles est considérable. Notons enfin l’utilisation très intelligente de la voix pour Macca qui a su comme nous l’évoquions, faire de cette voix vieillissante une force. Il a réussi à l’appréhender avec beaucoup de malice. Pour se faire, le phrasé est volontairement plus court et plus saccadé dans certaines chansons avec des phrases de 5 à 10 syllabes où il prend le temps de respirer avant de se remettre à chanter avec toujours autant d’énergie. Simple à constater mais très intelligent de sa part. Ne nous mentons pas : ce Egypt Station est certainement l’album d’un génie qui n’a plus rien à prouver. En revanche, c’est un disque plaisir qui une fois de plus permet d’ajouter une prestigieuse ligne à la carrière de Paul tant la qualité est au rendez-vous. Cette dernière, dans la vie de ce monsieur est incommensurable. Alors, si la question à un million de Dollars est de savoir si ce 17ème album studio solo de McCartney est indispensable, il y aura ceux qui répondront « I don’t know » ou « Who cares ». En tout cas, force est de constater qu’il n’a pas son pareil dans le cheminement musical de Paul et que ces nouveautés autant dans l’esprit que dans le son nous prouvent une fois de plus qu’il est incontestablement le plus grand compositeur de musique populaire sur cette Terre et ce pour longtemps encore.

Carl KIESER pour Maccaclub.
#EgyptStation #FreshenUpTour

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Concerts Macca Maccaclub

La Traversée du Désert de Paul McCartney

L’événement est vraiment incroyable. Paul McCartney se produisait hier soir au festival Desert Trip Indio. Dans la fournaise, le Maccaclub a envoyé une envoyée spéciale sur place… Merci donc à notre reporter, « Caro » pour ces quelques lignes… 

« Oldchella (old + Coachella), nous a réservé une bonne surprise pour ce deuxième jour de festival.

Après la prestation carrée mais sans sentiment de Bob Dylan et la fougue beaucoup plus expressive de Mick Jagger, Neil Young et Paul McCartney ont fait le show.

Paul McCartney ayant gardé la trame de sa tournée à la chanson près ; c’est donc sans surprise que je m’attendais à voir un couple monter sur scène pour l’habituelle « fausse cérémonie » – Vont-ils se marier ? L’avenir nous le dira… Et là, surprise lorsque Macca invite Neil Young sur scène pour chanter deux titres avec lui. Trois morceaux ont été enchaînés en réalité (pour consulter la liste des chansons, vous pouvez vous rendre sur le site de nos confrères de setlist.fm en cliquant sur le lien suivant). Neil Young et Paul McCartney ont donc interprété A Day In The Life suivi de Give Peace A Chance avant d’ouvrir les vannes sur Why Don’t We Do It In The Road – une première exclusive pour l’occasion, Ndlr. Les deux rockers n’ont rien à envier aux Rolling Stones qui avaient enflammé la scène hier soir.

Les Rolling Stones qui s’étaient d’ailleurs permis de reprendre Come Together dans une version très sympathique. Beau clin d’oeil… Paul leur a donc répondu dignement en leur rendant la pareille en interprétant I Wanna Be Your Man.

Final en apothéose avec le classique Live And Let Die tout en pyrotechnie avant de passer aux remerciements. Un show toujours aussi impressionnant après ma troisième prestation de Paul pour mon cas ».

Carl KIESER.

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Les Beatles

Sortie DVD du film « The Beatles: Eight Days A Week – The Touring Years »

 

Le 22 novembre prochain sortira le DVD du film de Ron Howard, « The Beatles: Eight Days A Week – The Touring Years ». L’occasion pour nous de vous proposer un rapide tour de ce qui nous attends pour celles et ceux qui n’auraient pas eu la chance d’assister au film dans les salles obscures il y a quelques jours puisque l’événement était à la hauteur du groupe : unique. 

Au menu donc, le film sera disponible en 4 éditions :

  • Une édition simple DVD accompagnée d’un livret de 12 pages au prix de 19,99€,
  • Une édition simple Blu-ray Disc accompagnée d’un livret de 12 pages au prix de 24,99€,
  • Une édition deluxe contenant 2 DVD accompagnée d’un beau livre exclusif de 64 pages au prix de 29,99€,
  • Une édition deluxe contenant 2 Blu-ray Disc accompagnée d’un beau livre exclusif de 64 pages au prix de 34,99€.

A noter que Ron Howard a écrit l’introduction du livret pour toutes les éditions. Pour ce qui est des éditions deluxe, les textes ont été rédigés par Jon Savage – journaliste britannique spécialisé dans le Rock et dont ouvrages sont de très bonne qualité. Il est notamment connu pour sa biographie très complète des Sex Pistols.

Outre le film dont la durée avoisine 2 heures, les éditions deluxe proposeront un contenu additionnel rempli de belles surprises.

Un mini-documentaire intitulé « Paroles & Musique » dans lequel John, Paul, George et Ringo livrent leurs anecdotes concernant l’écriture de leurs chansons, et l’influence de la musique écoutée par leurs parents.  Le travail d’écriture de Lennon et McCartney pour d’autres artistes est abordé, ainsi que l’univers musical de chacun des membres de The Beatles. Avec également Howard Goodall, Peter Asher, Simon Schama et Elvis Costello.

Un second mini-film intitulé « Premiers Signes D’Une Autre Direction ». Ce documentaire sur les Beatles, l’importance de l’humour dans leurs vies, le rôle joué par les femmes dans leur existence, leurs influences et leur univers musical met en avant l’Histoire du groupe telle que nous ne la connaissons pas ou peu. Avec John, Paul, George et Ringo, accompagnés de Paul Greengrass, Stephen Stark, Peter Asher, Malcolm Gladwell, Sigourney Weaver, Whoopi Goldberg, Richard Curtis, Elvis Costello et Simon Schama. Un casting haut en couleur pour décrire ce groupe qui a définitivement marqué son époque et continue de nous fasciner encore aujourd’hui.

L’ensemble ne serait pas complet sans quelques extras issus des concerts des Fab Four… Le tout ayant été remastérisé avec fidélité. Nous retrouvons les performances complètes de :

  • « She Loves You » – ABC Theatre, Manchester 1963,
  • « Twist And Shout » – ABC Theatre, Manchester 1963,
  • « Can’t Buy Me Love » – NME Awards, Londres 1964,
  • « You Can’t Do That » – Melbourne 1964,
  • « Help! » – ABC Theatre, Blackpool 1965.

Enfin, et pour aller plus loin les bonus proposeront aux novices comme aux fans de la première heure de mieux comprendre l’univers Beatles à travers des séquences sur Liverpool, l’intervention de trois fans ou bien encore des souvenirs de leurs passages en Australie et au Japon ainsi que l’évocation du tournage du film « A Hard Day’s Night » avec une halte par le Shea Stadium de New York City à l’été 1965, considéré comme l’ouverture de la voie aux concerts de Rock dans des stades…

Une version alternative du début du film sera également glissée dans l’ensemble amenant le total à plus d’une heure trois-quart de musique en plus.

De quoi ravir tous les publics avec un bel objet à placer sous le sapin ou avant si vraiment vous ne pouvez pas attendre…

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Concerts Macca

Paul McCartney en concert à l’AccorHotels Arena (Bercy) – 30 mai 2016

Paul McCartney - Yesterday

Il est un peu plus de 20h45 lorsque Chris Holmes, le DJ des concerts de Paul McCartney ; termine son set désormais indispensable aux tournées de l’ex-membre du plus grand groupe de tous les temps : The Beatles. 

L’enceinte de l’AccorHotels Arena de Bercy se remplit peu à peu. Vite, le pré-show commence et tout le monde n’est pas encore installé. C’est d’ailleurs un peu la cohue dans les travées de la salle. Au moment du premier accord, nous sommes environ 17 000 personnes. 17 000 privilégiés qui espèrent passer une soirée de rêve. Autant dire que la salle est pleine à craquer. 

Paul McCartney - Acoustique 1

Il est 21h10. Paul McCartney et ses quatre musiciens (Rusty Anderson, Brian Ray, Abe Laboriel Jr. et Paul « Wix » Wickens) montent sur scène. Ce quintet de haut vol vit et travaille ensemble depuis 2002 dans une certaine alchimie. Sauf pour « Wix », multi-instrumentiste assurant essentiellement les claviers, qui suit Paul McCartney depuis 1989 et la fameuse tournée « Tripping The Live Fantastic ». Paul arbore un look sobre de trentenaire dynamique avec s’il vous plaît, une belle paire de Beatles Boots aux pieds. C’est de circonstance…

Le premier accord retentit : un accord de Fa très connu en l’occurrence puisqu’il ouvre le morceau « A Hard Day’s Night ». C’est donc dans un éclat aux résonances « cathédralesques » que Paul fait lever son public pour entamer ce tube. Il nous replonge en pleine Beatlemania. Nous sommes en 1964… S’en suit alors le quarté dans l’ordre et tout ce qui nous arrive est dosé savamment dans une ambiance très festive : « Save Us » ravi les fans de l’album « New », dernier opus en date de Macca ; « Can’t Buy Me Love » précède une très chaude version de « Letting Go » ; un blues incendiaire d’une intensité incroyable sorti en 1975 sur l’album « Venus And Mars » et n’ayant pas pris une seule ride avant de terminer sur une épique version de « Temporary Secretary », une « chanson électronique » comme nous l’as si bien dit dans un français parfait et presque sans accent notre hôte du soir… Ces deux derniers morceaux constituant pour nous ce qui est déjà un des sommets du concert.

Arrêtons-nous cependant sur le son.  Il faut bien qu’il y ait un petit souci quand même… D’abord et aux dires de certain(e)s spectatrices/spectateurs, le son n’était parfois pas forcément à la hauteur de l’intensité ; allant jusqu’à saturer par moments. Certain(e)s d’entre nous ayant l’impression de temps en temps et suivant les morceaux, « de recevoir le son dans le ventre… ». Nous avons aussi eu la sensation de ne pas toujours bien entendre le son des claviers de Paul « Wix » Wickens ce qui nous a parfois perturbé pour apprécier la musique dans sa totalité. Enfin, nous avons eu quelques doutes sur la voix de notre cher Paul par moments. Parfois chevrotante, certains refrains ne sont pas passés comme ils devaient… Bon, bref, nous avons quand même été rassuré du fait que Paulo qui rappelons-le va fêter ses 74 ans le 18 juin prochain, n’ait pas mis beaucoup de temps retrouver sa superbe. Et puis, pouvons-nous nous permettre de le blâmer pour quelques petites imperfections à un tel niveau ? Nous ne pensons pas…

Ces légers soucis corrigés après que Paul soit passé aux guitares électrisant au passage la foule avec deux titres très Rock dont « I’ve Got A Feeling » et sa cascade d’accords ; il est temps de retrouver le piano pour « My Valentine », magnifique balade composée pour Nancy Shevell (Madame McCartney depuis 2011). La voix semble peu à peu revenir donc et l’interprétation est comme toujours ; sincère, habitée… Aussi, les fans du second groupe de Paul, The Wings ne sont pas en reste puisque « Nineteen Hundred And Eighty-Five » et son gimmick délirant au piano termine d’installer la communion autour du groupe dans la salle. La suite est une simple et inattendue version de « Here, There And Everywhere ». Nous en avons le souffle coupé. Merci pour ce cadeau ; quelle belle surprise. « Maybe I’m Amazed » composée pour une autre dame, sa première femme ; Linda Eastman et décédée en 1998 parfait le tout avec force.

Paul profite aussi des moments de pauses pour rappeler que sa visite dans notre capitale est exceptionnelle au vu des précédents événements qui ont touché la France et nous rappelle que nous « avons traversé des moments douloureux ».

Paul McCartney - Acoustique 2

 

C’est le retour des guitares. Acoustiques cette fois-ci. Paul échange quelques mots avec le public, profitant de l’instant et des réactions de ce dernier avant d’entamer un set Folk composé de chansons très diverses le tout dans une configuration minimaliste et un jeu de scène épuré. Parlons d’ailleurs de ce nouveau jeu de lumières et de ces nouveaux éléments scéniques qui ont réellement apporté un lot de surprises tout au long du concert… A titre d’exemple, et sur les quelques prochaines chansons qui vont suivre, nous reconnaissons le décor typique d’une maison de la banlieue de Liverpool dans laquelle nous serions installés au début des années soixante avec John et Paul en train de les voir composer leurs premières chansons. Le groupe est au centre de la scène, autour d’une petite batterie (qui nous paraissait vraiment petite lorsque Abe s’est assis derrière). Le tableau est simple et ressemble à celui d’un groupe d’adolescents jouant une chanson au coin du feu pour les parents un soir de Noël. Une sensation très intimiste qui nous a d’ailleurs amené à nous poser cette question : « A quand un concert de Paul McCartney, en acoustique dans une petite salle ? ». Nous ne pensons pas être les seuls à avoir pensé cela… Oh non.

« In Spite Of All The Danger » composée en 1958 à l’époque où les Beatles s’appelaient encore The Quarrymen nous a enchanté, le groupe jouant avec le public sur les « Oh oh oh ooooh » à répétition à la fin du morceau… « You Won’t See Me » que nous n’avions pas entendue depuis 2004 et le « 04 Summer Tour » nous a agréablement surpris dans cette mouture acoustique. « Love Me Do » venant parfaire l’aspect oldies nous a démontré à quel point Paul a la capacité de faire sonner n’importe quelle chanson de son répertoire comme actuel… Ensuite, et comme si cela ne suffisait pas, Paul s’envole au-dessus de Paris, au sens propre comme au figuré ; interprétant « Blackbird » et « Here Today » en hommage à son pote, John Lennon accompagné par le public qui avait préparé pour l’occasion  une chorégraphie avec des bracelets lumineux. Le message semble avoir été apprécié par notre hôte qui a sûrement été surpris par cet impromptue version de « Give Peace A Chance » entamée par… le public. Nous avons le nom des coupables.

Retour au piano pour Paul et à une configuration scénique plus classique donc pour reprendre deux tubes issus du dernier album studio de Paul. « Queenie Eye » dédicacée à Jorie Gracen et « New », premier single tiré de l’album sorti en 2013 permettent au public de se dégourdir les jambes. Ça danse, ça chante avant d’atteindre un des points d’orgue de ce concert avec une interprétation forte en émotion de « The Fool On The Hill » toujours au piano. Magnifique, bouleversant ; vraiment. Après un « Lady Madonna » sur lequel Paul aura définitivement retrouvé toutes ses capacités vocales ; c’est le moment commercial du concert qui commence : « FourFiveSeconds » (réunissant en studio Rihanna, Kanye West et Paul McCartney) est reprise en mode karaoké car les paroles défilent sur l’écran. Commercial certes, car le morceau a beaucoup fait parlé mais de notre avis, des moments commerciaux comme ceux-là en concert ; nous en voulons à la pelle… La version ayant été qualifiée de « meilleure que l’originale » par certain(e)s fans à l’issue de la soirée…

Paul McCartney - Joy

 

Le triptyque suivant et composé uniquement de reprises de chansons des Beatles a également eu son lot de surprises avec notamment « Michelle » que Paul a présenté comme étant « La seule chanson que nous connaissons en français« . Après donc avoir rendu visite à Eleanor Rigby et assisté au spectacle de cirque organisé par Mr. Kite ; Paul se muni de son ukulélé pour entamer « Something ». Que dire ? Que dire cette version constamment améliorée depuis des années, si ce n’est que nous n’avons pas pu/su résister à la charge émotionnelle de cette si belle chanson qui pour nous et c’est un aspect purement personnel reste un des plus grands moments musicaux de notre vie ? « Something » a quelque chose de spécial pour nous et cette dimension n’est pas explicable par de simples mots… C’est à chaque fois un instant hors du temps… Merci pour ce cadeau.

« Ob-La-Di, Ob-La-Da » est ensuite reprise par tout le public. Nous sommes forcés de constater comme à chaque fois, à quel point Paul McCartney est un extraterrestre : il joue la ligne de basse du morceau tout en chantant les paroles… En temps normal, c’est quasiment impossible ; alors à presque 74 ans. OK, l’âge ne justifie pas certaines choses mais là, quand même, c’est tout bonnement irréel voir inhumain. Si quelqu’un sait comment faire ; nous sommes preneurs. La suite composée du duo « Band On The Run » et « Back In The U.S.S.R. » fera comme à chaque concert des victimes dans le public, certain(e)s fans perdant instantanément leur voix après ces deux chansons… « Let It Be » comme dirait l’autre est idéal pour suivre ce moment et créer une certaine forme d’accalmie. Accalmie ? Enfin, qui dit « accalmie » dit forcément tempête. Tiens donc, ça ne serait pas justement les premières notes de « Live And Let Die » que nous entendons ? « Vivre Et Laisser Mourir »… Oui, dans cette chanson, tout y est ; la vie, la mort, le calme et la tempête… Inutile de préciser que nous ne réalisons toujours pas et ne réaliserons sûrement jamais à quel point la scénographie qui entoure ce titre est inouïe. C’est littéralement le feu… Explosions en tous genres et pyrotechnies viennent chauffer le public. Mention spéciale pour les spectateurs du premier rang qui bénéficient d’une séance de sauna gratuite pour l’occasion. Avec la météo parisienne humide de ces derniers jours, nous ne disons pas « Non ! ». Le cap des deux heures de concert est franchi désormais et c’est le moment pour tout le monde de faire entendre sa belle voix avec « Hey Jude » dont la descente finale fait partie d’une des mélodies les plus célèbres de l’histoire de la musique. Les mecs et les filles alternant le chant sous la direction de McCartney, alors chef d’une chorale assez en place dirons-nous… C’est déjà la fin…

Rassurez-vous ; Paul a encore de belles surprises à offrir avec le rappel. Après un échange « La Marseillaise »/ »God Save The Queen » grâce au public très blagueur il faut le dire ; Paul McCartney s’est d’abord improvisé prêtre ou pasteur en « mariant » Clémence et Nicolas. Deux fans français partagés entre excitation et larmes. C’était très touchant. Une fan venue d’Ukraine n’était pas en reste non plus puisqu’elle arborait la tenue de la femme sur la pochette de l’album « Wings Greatest » pour l’occasion. Un moment assez drôle il faut le dire…

Avant de reprendre la guitare, la fameuse Epiphone Texan sur laquelle Paul a enregistré la chanson qu’il va interpréter, « Yesterday » ; Paul se remet lui aussi de ses émotions échangeant quelques mots avec le public : « Vous êtes géniaux ». Les très rock’n’rollesques « Hi, Hi, Hi » (issu de sa carrière avec les Wings) et « Birthday » ont fait lever toute la salle. Nous nous sommes crus en boîte pendant un instant. Une boîte de 17 000 personnes quand même… C’est le moment de dire « Au revoir Paul », le moment de « rentrer à la maison » comme il dit si bien… Un final aux allures de grand-messe avec cette magnifique version du medley final issu de l’album « Abbey Road » (1969). Medley qui clôt le disque et une des face B parmi les plus mythiques de l’Histoire avec un grand « H » de la Pop Musique au sens noble du terme telle que nous la connaissons aujourd’hui. « Golden Slumbers/Carry That Weight/The End » terminent comme toujours depuis maintenant beaucoup d’années les concerts de Paul avec toujours ce même sentiment partagé entre le bonheur et la tristesse de sentir qu’il faut déjà quitter la salle. Un moment que nous considérons toujours comme exceptionnel et incroyablement fort que même la maladie d’Alzheimer ne pourrait pas arracher à notre mémoire avec notamment, cette phrase « And in the end, the love you take, is equal to the love you make« … Dernière phrase à la dimension universelle de la dernière chanson du dernier album enregistré par les Beatles et qui résume à elle seule d’une part, la beauté de l’œuvre musicale de ce groupe et d’autre part, le meilleur moyen pour nous de vivre dans le bonheur. Un moment total qui nous aura fortement ému et à y repenser ; nous avons encore des frissons lorsque nous nous rappelons de cette image : celle d’un McCartney levant les yeux au ciel, devant un décor de coucher de soleil sur le désert américain en train de livrer ces paroles… C’est trop fort…

Paul McCartney - The End

 

C’est trop fort et c’est après ce moment que nous quittons la salle des souvenirs plein les yeux, des confettis plein les cheveux en attendant de le retrouver sur scène le plus vite possible pour revivre ce phénoménal moment pendant lequel plus personne n’a d’âge, de catégorie sociale ou d’appartenance à une quelconque ethnie… Merci Paul pour ta musique, reviens vite nous voir. Nous t’aimons et t’aimerons pour toujours.

 

Paul McCartney - Salute

Carl KIESER.

Crédits photographiques : Miki Lasch et Renaud des Courrières.

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Macca

Pure McCartney

Pure McCartney portera bien son nom : la nouvelle compilation qui célébrera la musique du musicien natif de Liverpool regroupera une sélection audacieuse de certains de ses titres les plus légendaires. Dans un teaser posté sur la page YouTube officielle de Paul, nous pouvons voir différents titres de chansons interprétées par ce dernier défiler à toute vitesse. Parmi les noms, notre équipe s’est amusée à essayer de retrouver certains d’entre eux. Nous avons lu « New », « English Tea », « We All Stand Together ». A vous d’en trouver d’autres…

Fort d’un visuel de toute beauté et reprenant un portrait photo de Paul arborant un look barbu ; l’album semble donc proposer aux fans les plus aguéris comme aux novices un enchaînement original de titres. Le moins que l’on puisse dire c’est que nombreux d’entre eux ont été piochés ça et là parmi les derniers opus du septuagénaire à la forme de feu.

Nouvelle tournée, nouvelle compilation, McCartney semble se préparer une fin de carrière en or pour notre plus grand bonheur.

Pochette Pure McCartney
Pure McCartney